Tetra Pak est une entreprise de 340 salariés qui fabrique des emballages alimentaires et qui appartient au groupe international du même nom. Au lendemain d'un comité d'entreprise extraordinaire, le directeur a réuni l'ensemble du personnel pour annoncer son intention de baisser les effectifs de 70 personnes, soit 20 % du personnel, d'ici trois ans et la fermeture de deux machines de production, un laminoir et une découpe.

La présentation était cousue de fil blanc : pas de licenciements mais, chiffres à l'appui, la fin des CDD, des départs en retraite anticipée et le « turn-over naturel ». Et d'expliquer « la nécessaire réorganisation face à la baisse du marché français et européen » et son « attitude responsable qui ne peut laisser une usine en surcapacité ». Il a poussé le cynisme jusqu'à en appeler au propre sens des responsabilités des salariés et même à l'opportunité et la chance que pouvait représenter pour certains le fait de changer de métier !

Mais la baisse du marché, les travailleurs n'en sont pas responsables. Et si le directeur parle de baisse, il ne parle pas de baisse des profits.

Ce plan qui ne veut pas dire son nom inquiète. Déjà aujourd'hui les travailleurs ont bien du mal à assurer la production dans les délais, notamment à cause des pannes à répétition. Tant mieux pour ceux qui pourront partir dans de bonnes conditions, surtout après des dizaines d'années de 3 x 8. Mais, pour le reste, on peut s'attendre à des pressions, comme cela se fait depuis deux ans avec des « ruptures conventionnelles » à tout va. Et puis, pour ceux qui restent, cela signifiera forcément des pressions pour plus de productivité. Un « plan » qu'il n'y a aucune raison d'accepter.