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Leur société
Les pauvres de plus en plus exclus des soins
Médecins du Monde vient de publier un rapport sur la détérioration de l'accès aux soins pour les plus exclus. En 2011, leurs 21 centres d'accueil et de soins ainsi que leurs équipes mobiles ont reçu 29 466 personnes ; leur activité a augmenté de 7,6 % entre 2010 et 2011 et de plus de 17 % depuis 2008.
Ceux qui viennent consulter sont à plus de 90 % des personnes d'origine étrangère, majoritairement en situation irrégulière, mais pas tous. Ces patients vivent quasiment tous en dessous du seuil de pauvreté, dont 14 % dans la rue ou dans un hébergement d'urgence au jour le jour. Plus d'un tiers d'entre eux viennent consulter tardivement et leur état nécessiterait une prise en charge sur le long terme, au moins six mois, et 10 % présentent des pathologies graves, hypertension, asthme, diabète, cancer.
Les obstacles sont bien sûr liés à la très grande pauvreté, à la malnutrition et à l'environnement insalubre mais aussi aux décisions politiques et aux lourdeurs administratives. 80 % des consultants auraient droit à une couverture maladie, l'AME (Aide médicale de l'État), pour la plupart, mais beaucoup l'ignorent ou ne remplissent pas les critères. Il leur est particulièrement difficile de faire la preuve de leur résidence en France depuis trois mois ou d'apporter la domiciliation administrative que les services sociaux devraient pourtant leur fournir.
En 2011, les attaques menées par le gouvernement Sarkozy ont conduit à imposer des restrictions à l'obtention de l'AME, entre autres un « droit d'entrée » de 30 euros et la nécessité d'un accord préalable pour les soins coûteux à l'hôpital. La loi du 16 juin 2011, liant le séjour pour raison médicale à l'absence de traitement dans le pays d'origine, a transformé en expulsables des étrangers gravement malades.
Le gouvernement actuel est revenu sur le droit d'entrée de 30 euros mais la persistance des contrôles de police continue à limiter les déplacements des étrangers en situation irrégulière, même pour aller se faire soigner, et les expulsions empêchent toute tentative de suivi médical, interrompant les campagnes de vaccinations ou de lutte contre la tuberculose.
Le rapport de Médecins du Monde dénonce cette situation, mais du côté du gouvernement, il risque de tomber dans l'oreille de sourds.