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Leur société
Le gouvernement continue sa cour au Medef
Pour la présidente du Medef, Laurence Parisot, les superlatifs météorologiques semblent tout juste suffisants pour qualifier le projet de budget gouvernemental et les réactions des patrons. Il est question d'« état d'alerte » face à un « avis d'ouragan » ou de « situation gravissime » et de « quasi-panique ».
Face à ce déluge d'imprécations, la majorité présidentielle se juge bien mal payée de tous ses efforts. Ainsi se lamentait Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l'Assemblée, déclarant au micro de France Inter ne pas comprendre, « au moment où ce que nous faisons n'a d'autre objectif que d'essayer de faire repartir l'activité, d'apporter une nouvelle source de financement, (...) cette méthode de communication de Madame Parisot ». Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, reconnaissait à sa suite qu'« un malentendu s'était fait jour » [avec les chefs d'entreprise autoproclamés "pigeons"] », mais affirmait qu'« une avancée a eu lieu » et que « de larges exonérations [fiscales] sont maintenues telles qu'elles existaient auparavant », car « leur colère avait des accents de sincérité qu'il fallait comprendre ». Et d'expliquer ainsi la reculade du gouvernement sur le projet d'augmentation de la taxation des plus-values sur la revente d'entreprises, reculade qui entraînera un manque à gagner de 750 millions dans le budget.
Quelle ingratitude, en effet ! Alors que depuis six mois ce gouvernement aligne les signes d'allégeance au patronat, culminant avec la présence en rangs serrés, à la fin août, d'une dizaine de ministres à l'université d'été du Medef, les représentants des capitalistes, après s'être déclarés satisfaits, critiquent à présent les politiciens au pouvoir ! Parisot leur reproche même « une erreur de raisonnement économique grave », faisant allusion au projet qui a fait glapir les « pigeons ».
Il est vrai que, se montrant somme toute bonne fille lors de la conférence mensuelle du Medef le 16 octobre, Parisot s'est félicitée de la « relation de travail [du patronat] avec le gouvernement, qu'il souhaite intensifier pour imaginer ensemble les solutions qui lui permettent de faire face à la situation ».
Derrière ce verbiage, les donneurs d'ordres capitalistes montrent qu'ils sont sûrs d'obtenir toujours gain de cause. Les gouvernants qui choisissent de se conformer à leurs desiderata ne peuvent en rien apparaître comme défendant les intérêts des classes populaires.