PSA -- Aulnay-sous-Bois : Les travailleurs discutent de leur avenir25/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2295.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA -- Aulnay-sous-Bois : Les travailleurs discutent de leur avenir

Deux semaines après l'annonce officielle de la fermeture de l'usine d'Aulnay, et malgré les tentatives de la direction pour faire reprendre la production comme si de rien n'était, les travailleurs s'organisent et discutent de comment faire reculer PSA.

L'usine fonctionne avec des arrêts de chaîne fréquents et une production bien inférieure à ce qu'elle est d'habitude. De nombreux travailleurs étant déjà en vacances, beaucoup de postes sont tenus par des intérimaires et des CDD scolaires, mais cela ne suffit pas. Pendant les débrayages, la direction tente de sortir la production en mettant sur les chaînes des hauts cadres, ce qui ne permet pas de fabriquer des voitures mais a au moins le mérite d'assurer le spectacle et de faire beaucoup rire les ouvriers.

De très nombreuses discussions ont lieu. C'est la première marche du combat qui s'annonce : imposer à la direction notre droit à discuter de notre avenir et de l'organisation de la lutte. Depuis le jour de l'annonce, chaque jour, la direction a imposé que ses « briefings » avec cadres, directeurs et tout leur baratin durent vingt minutes au lieu de cinq habituellement.

Les « briefings « avec la direction se passent différemment selon les secteurs. L'idéal, c'est lorsque les travailleurs se réunissent entre eux, avant, pour décider de l'attitude à adopter -- qui peut aller du boycott pur et simple de la réunion jusqu'au fait d'écouter la direction et de lui dire ensuite ses quatre vérités. Au Montage, en logistique, la moitié de l'équipe s'est par exemple entendue pour retourner les chaises et montrer le dos au contremaître et à ses boniments. Cela a porté ses fruits : lundi 23 juillet, la direction a renoncé à ses « briefings » de vingt minutes.

De leur côté, les travailleurs organisent leurs propres « briefings », mais sans la direction. L'un des enjeux de la semaine qui vient de se dérouler a d'ailleurs été l'exigence que ces réunions soient payées et non comptées comme du temps de grève : puisque la direction a décidé de nous licencier, qu'elle paye le temps pendant lequel nous discutons de notre avenir ! Dans certains secteurs, plusieurs dizaines de travailleurs se sont mis en grève pour exiger le paiement d'une de ces réunions. Au Ferrage, un directeur a répondu piteusement à une délégation d'ouvriers : « Mais si je vous paye, vous allez recommencer tous les jours ! ». Les travailleurs ont répondu que, de toute façon, payés ou pas, ils recommenceraient tous les jours.

Préparer la rentrée

Un nombre important de travailleurs attendent de connaître les « solutions » qui leur seront proposées, puisque le patron affirme que « personne ne sera laissé au bord du chemin et chacun se verra proposer une solution individuelle ». Mais beaucoup d'autres ne font plus aucune confiance à une direction qui ne fait que mentir depuis un an. Dans les entretiens individuels avec les cadres, les réactions sont parfois vives ! Aux questions : « Quels sont tes projets pour l'avenir ? Où souhaiterais-tu partir ? Est-ce que tu as un projet de création d'entreprise ? », des ouvriers répondent : « Je n'ai rien demandé, ce que je veux c'est rester à PSA Aulnay » !

Des discussions importantes ont aussi pour objet la construction du Comité de préparation de la lutte. Un bon nombre d'ouvriers défendent l'idée de commencer dès maintenant à construire une structure démocratique, regroupant syndiqués et non syndiqués, afin qu'elle soit déjà en place le 4 septembre, le jour où le travail reprendra à la rentrée. Dans cette structure, les syndicats auront naturellement toute leur place. Mais, à Aulnay comme partout ailleurs, les travailleurs non syndiqués sont largement majoritaires et il est indispensable qu'ils aient aussi la possibilité de peser dans les décisions.

Les premières fondations de ce comité ont été posées durant ces derniers jours, lors d'assemblées dans les ateliers, qui ont lieu presque quotidiennement. L'idée fait son chemin que, si le combat se déclenche à la rentrée, il faudra qu'il soit dirigé et contrôlé collectivement et démocratiquement. À cet égard, l'expérience des grèves de 2005 et de 2007 est précieuse. Ceux qui y ont participé y ont appris l'utilité d'une direction élue, et ils défendent cette idée autour d'eux.

De son côté, la direction tente de décourager les travailleurs de participer à ce comité. Elle a bien compris que la participation active de tous les salariés renforcerait le camp des travailleurs. Tous les moyens sont donc bons pour faire pression, les cadres allant jusqu'à dire aux ouvriers qu'ils risquent des poursuites judiciaires s'ils appartiennent au comité !

Mercredi 25, la dernière action avant les congés a eu lieu, à l'occasion du CCE organisé au siège de PSA. Des délégations de plusieurs sites du groupe, au total plus de 1 500 travailleurs, sont venus crier : « Varin, à partir d'aujourd'hui, on sera ton cauchemar ! »

Partager