Sucrerie Gardel -- Guadeloupe : Les ouvriers reprennent le travail la tête haute07/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2288.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sucrerie Gardel -- Guadeloupe : Les ouvriers reprennent le travail la tête haute

Suite au mouvement de grèves et de manifestations en Guadeloupe de l'année 2009, un accord interprofessionnel sur les salaires, dit accord Bino (de Jacques Bino, militant syndical et membre du LKP, tué le 18 février 2009) avait été signé entre le patronat et les représentants du mouvement. Depuis des mois, dans différents secteurs, les travailleurs réclament l'application immédiate par les entreprises d'une clause de cet accord, dite clause de convertibilité. Pendant trois ans, l'augmentation salariale de 200 euros devait être versée à hauteur de 50 euros par les entreprises, et à hauteur de 150 euros, via le RSTA (Revenu supplémentaire temporaire d'activité), par l'État et les collectivités.

Durant ces trois années, de fait, ce sont les contribuables et non le patronat qui ont donc financé une partie de l'augmentation de 200 euros. Mais, selon l'article V de l'accord Bino -- la clause dite de convertibilité -- dont l'application est réclamée par les travailleurs, dès le 1er mars 2012, les patrons devaient prendre en charge l'intégralité du versement des 200 euros et intégrer cette somme dans le salaire de base. Le patronat se refusant à appliquer cette clause, en l'interprétant à son avantage, nombre de travailleurs se sont mis en grève dont ceux de l'usine sucrière Gardel. Un article de Combat Ouvrier du 19 mai 2012 relate cette grève :

« Les travailleurs de l'usine Gardel ont repris le travail samedi 5 mai après trois semaines de grève. Dimanche 6, l'usine a broyé les cannes restées à terre avant la grève et le dimanche suivant les cannes fraîches ont recommencé à entrer. (...)

Après plusieurs jours de grève, les planteurs de canne ont commencé à faire toutes sortes de pressions pour la reprise du travail. Les agriculteurs que la grève pénalisait ont déversé des cannes dans les rues, tenté de bloquer l'entrée de l'usine, et ont été jusqu'à menacer de représailles les dirigeants du mouvement. Dans cette grève, les ouvriers n'ont pas réussi à proposer une alliance entre eux et les petits planteurs contre l'usinier qui en laissant pourrir le conflit le laissait s'envenimer aussi ! Certains planteurs, les mieux lotis, et d'autres intervenants dans le secteur semblaient s'opposer à cette alliance.

Certains politiciens de gauche ont essayé de tirer partie de la grève pour tenter d'imposer leur présence dans la réunion de la commission de suivi et d'interprétation de l'accord Bino.

Les ouvriers de Gardel avaient annoncé qu'ils accepteraient l'interprétation de l'article 5 que donnerait la commission. Mais après avoir crié sur tous les tons que cette réunion de la commission était indispensable au plus vite, les patrons ont renvoyé la prochaine réunion d'abord au 24 mai puis finalement au 4 juin. Les ouvriers sont donc dans l'attente de la décision de la commission d'interprétation de l'accord Bino.

La reprise s'est effectuée sur le gain d'améliorations dans le cadre des NAO. Les ouvriers ont obtenu une augmentation de 2,5 % des salaires, une augmentation de 10 % de la prime de transport, une amélioration de la valeur du ticket restaurant qui passe de 4 à 5 euros, une amélioration de la prime de départ à la retraite qui s'élève à 4 mois et demi du salaire pour un départ après 35 ans de service et 5 mois pour un départ après 40 ans ; l'amélioration de la prime d'ancienneté pour un salarié qui totalise 40 ans de présence dans l'entreprise. Cette prime est revalorisée à 27 % du salaire brut.

Un goût amer demeure parmi les salariés car les 17 jours de grève n'ont pas été négociés. Les ouvriers ont bien conscience que la grève de Gardel aura été le fer de lance de la grève débutée le 10 mai pour l'application de la convertibilité dans plusieurs entreprises. »

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