Sevelnord - Hordain (Nord) : Chantage à l'emploi07/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2288.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sevelnord - Hordain (Nord) : Chantage à l'emploi

Sevelnord est sur la liste des sites condamnés à la fermeture par PSA, comme les usines d'Aulnay et de Madrid. On se souvient que c'est la CGT d'Aulnay qui a révélé le plan secret de PSA, qui prévoyait de n'annoncer ces projets de fermeture que bien plus tard.

Il y a encore 2 700 travailleurs à Sevelnord. Pour l'instant, Fiat est encore partenaire de PSA et les véhicules (en majorité des utilitaires) qui sortent des chaînes sont de marque Fiat, Citroën et Peugeot. Mais Fiat a annoncé son intention de rompre le partenariat. Et PSA déclare ne pas vouloir continuer seul.

PSA est donc officiellement à la recherche d'un autre partenaire. Des noms de marques sont cités, mais rien n'est confirmé pour l'instant. Première incertitude. Mais il y en a une autre : le modèle actuel sera bientôt en fin de vie. Y en aura-t-il un autre ? Là encore, PSA ne s'engage à rien et met même Sevelnord en concurrence avec son usine de Vigo en Espagne. Ces deux incertitudes pesant lourd sur le moral des travailleurs de l'usine, la direction de PSA et le directeur de Sevelnord ont donc jugé que le moment était bien choisi pour attaquer.

Le directeur a mis en place une négociation avec les syndicats dits représentatifs. Il appelle ça « amélioration de la performance de Sevelnord ». Il s'agit selon lui de revenir sur la mobilité, la flexibilité et la maîtrise salariale, dans le but d'être plus performant que le site espagnol de Vigo, pour être choisi par PSA à sa place et gagner la fabrication du futur utilitaire.

Et il a les dents longues, le directeur : sur 2 700 travailleurs, il veut supprimer 800 emplois. Il veut pouvoir déplacer les travailleurs dans l'usine comme il l'entend, y compris en les déclassant. Il veut pouvoir muter dans d'autres usines sans verser de primes de déplacement, faire et défaire à son gré les équipes de travail et leurs horaires. Tout cela bien sûr, soi-disant pour « le bien du salarié », pour sauver les emplois.

« Tout faire pour sauver les emplois à la Sevelnord » : tout le monde le dit. Bien sûr, les syndicats, les politiques, mais aussi la direction de Sevelnord, et jusqu'au PDG de PSA... Mais aucun de ces derniers ne propose de prendre sur les profits de PSA pour cela, ni sur les 11 milliards de liquidités dont dispose le groupe.

Pour l'instant, seuls la CGT de l'usine et le bulletin Lutte Ouvrière parlent de chantage. Les autres syndicats font mine de bien vouloir accepter des sacrifices, mais « à condition que le nouveau modèle soit garanti pour Sevelnord ». Ce à quoi la direction répond du tac au tac qu'il faut commencer par faire les efforts pour convaincre PSA et avoir le nouveau modèle. Elle veut bien reconnaître que son plan ne s'appliquera pas si le nouveau modèle ne vient pas. Ben voyons ! S'il n'y a plus d'emplois ni d'usine, plus besoin d'organiser le travail.

Les travailleurs, eux, sont d'abord inquiets. Ils assistent aux licenciements de ceux qui sont déclarés inaptes. En un an, c'est déjà plus d'une centaine de travailleurs qui sont partis ainsi. Il y a aussi ceux qui craquent sous la pression des chefs et partent soi-disant « volontairement ».

À part quelques manifestations le samedi, il n'y a pas encore eu de réaction ouvrière. Le moral n'y est pas, dans une usine où les journées non travaillées se multiplient et où les responsables ne cessent de répéter que « la porte est grande ouverte, vous pouvez partir... » Mais chacun est bien conscient de tous ces mauvais coups qui se multiplient et chacun supporte de plus en plus mal les provocations. À force de tirer sur la ficelle, la direction peut la faire casser...

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