Israël : La contestation continue10/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/08/une2245.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : La contestation continue

La vague de protestation contre la vie chère continue de s'amplifier en Israël. Elle a rassemblé 300 000 personnes samedi 6 août, à Tel Aviv et dans d'autres villes du pays, forçant le Premier ministre, Netanyahou, à nommer une commission chargée de proposer des solutions à la mi-septembre, ce qui n'est pas encore un recul.

Le mouvement avait démarré par un appel, en juin, à boycotter le fromage blanc, un aliment de base dont le prix avait flambé. Il a été ensuite relayé par l'appel à camper sur le boulevard Rothschild, l'un des plus chics de Tel Aviv, afin de protester contre la cherté des loyers.

Le mouvement dénonce aujourd'hui non seulement le manque de logements à des prix abordables mais, plus généralement, l'ensemble des prix excessifs, ainsi que la réduction des budgets sociaux et le fait que les services de l'État soient presque entièrement privatisés au bénéfice d'une poignée de milliardaires.

La situation de la majorité des Israéliens est en effet difficile et, même si l'économie du pays affiche un taux de croissance de plus de 5 % et un chômage prétendument inférieur à 6 %, les inégalités sont particulièrement criantes, avec un habitant sur cinq qui vit sous le seuil de pauvreté. Parmi les revendications mises en avant par les manifestants figurent la réduction des impôts indirects, le lancement d'un vaste programme de construction de logements à bon marché, la gratuité de l'école dès le plus jeune âge, des pensions de retraite qui permettent de vivre décemment.

La population israélienne paie également pour la guerre permanente qui est menée contre la population palestinienne de Cisjordanie et de Gaza. Le budget de l'État consacre plus de 7 % du produit national aux dépenses militaires, ce qui est considérable. Ce budget pour les années 2011-2012, voté en décembre 2010, atteint 49 milliards de shekels sur un budget total de 700 milliards.

Mais ce qui grève également les finances publiques, ce sont les dépenses dues à la colonisation. Car si la construction de logements est très en dessous des besoins de la population, il n'en est pas de même dans les colonies, où des habitations sont construites en permanence. La récente annonce de la construction de 900 nouvelles demeures dans le quartier de Har Homa à Jérusalem-Est est à cet égard significative, tout autant qu'elle est provocatrice pour ceux qui, depuis des semaines, manifestent pour avoir des logements à des prix accessibles.

Autant dire que, si les manifestants ont raison de protester contre la vie chère, de dénoncer les coupes faites sur les budgets sociaux, ils auront aussi à remettre en cause cette politique qui est responsable des maux qu'ils subissent ; une politique qui mène à la guerre, aux annexions, au mépris du peuple palestinien soumis à un régime d'apartheid. La justice sociale réclamée ne peut pas être divisée, elle doit s'appliquer à tous.

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