En février 2011, deux informations judiciaires avaient été ouvertes par l'Assurance maladie et la Mutualité française (38 millions d'adhérents dans 600 mutuelles) contre les laboratoires Servier pour « tromperie » et « homicide involontaire » dans le cadre du scandale du Mediator, ce médicament retiré du marché en 2009 pour avoir causé de 500 à 2 000 décès. Le parquet de Paris vient de rajouter « l'escroquerie » aux deux accusations précédentes, accusant Servier d'avoir fait payer l'Assurance maladie et les mutuelles pour un médicament remboursé à 65 %, car présenté comme un médicament antidiabétique, alors qu'il était un médicament anorexigène (coupe-faim), dont le remboursement est moindre.

Le montant des dommages et intérêts pourrait s'élever à un milliard d'euros pour l'ensemble des organismes, si la période retenue couvre toute la commercialisation du Mediator, soit trente-trois ans ; ou bien n'être que de 226 millions pour l'Assurance maladie et 100 millions pour les mutuelles, si les juges ne retiennent que la période 1999-2009, 1999 étant la date à laquelle l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) estime que le Mediator aurait dû être retiré du marché. Avec sa batterie d'avocats, Servier va donc continuer la bataille de procédure engagée depuis le retrait du Mediator pour nier ses responsabilités et diminuer le montant des indemnités à verser aux victimes de son poison.

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a annoncé le 4 août la création du Fonds public d'indemnisation des victimes du Mediator qui devrait permettre, dès le 1er septembre, la prise en compte des premières demandes des malades. Mais pour le moment ce sont les contribuables qui, via ce fonds, sont appelés à payer, alors que le procès du Mediator et de Servier ne devrait se tenir qu'au printemps 2012...