Mi-mars 2009, ArcelorMittal fermait la principale installation de l'usine de Gandrange, l'aciérie, ce qui se traduisait par la suppression de 575 emplois. Il ne restait plus sur le site que quelques centaines d'emplois, essentiellement dans un train de laminoir.

ArcelorMittal avait signé avec l'État une « convention de revitalisation » qui doit s'achever en mars 2012. Un premier bilan vient d'être fait, d'où il ressort que 189 emplois auraient été créés. C'est dire qu'on est très loin du compte. Les promesses de « revitalisation » ont vu au fil des mois s'évaporer un projet de centrale électrique et un autre de fabrication de portes coupe-feu.

Certes, l'ensemble des travailleurs d'ArcelorMittal a pu soit partir en retraite soit retrouver un emploi au sein du groupe, à Gandrange, à Florange ou dans les usines luxembourgeoises -- remplaçant bien souvent des intérimaires qui se sont retrouvés à la porte. Il n'en reste pas moins qu'ArcelorMittal a bien supprimé des centaines d'emplois et surtout que des licenciements ont eu lieu par centaines dans les entreprises sous-traitantes de la sidérurgie. Et ce n'est sans doute pas fini.

Dans la dernière grande usine d'ArcelorMittal en Lorraine, à Florange, la marche des installations est en effet plus que chaotique : les hauts fourneaux sont éteints et rallumés au gré des commandes et surtout de l'évolution des cours. Vu le poids qu'a un groupe comme ArcelorMittal, il peut dans une certaine mesure faire la pluie et le beau temps sur le marché de l'acier. Mais à chaque arrêt ce sont des centaines d'intérimaires et de CDD qui se retrouvent à la porte.

Et puis on n'allume pas un haut fourneau comme on allume sa gazinière. Ces arrêts à répétition dégradent l'ensemble des installations et provoquent de multiples pannes. D'autant qu'ArcelorMittal n'investit pas, se contentant d'user jusqu'à la corde des installations pour une bonne part financées par les fonds publics, du temps où la sidérurgie était nationalisée.

Début 2008, Sarkozy était venu faire son cinéma à Gandrange et promettre que l'emploi continuerait avec ou sans Mittal. Avant lui, en 1981, Mitterrand avait promis qu'il n'y aurait plus de suppressions d'emplois dans la sidérurgie, et des installations entières ont été arrêtées dans les années qui suivirent.

Les présidents passent, la réalité de l'exploitation capitaliste demeure. C'est elle qu'il faudra bien finir par laminer.