Politique de la ville : Les ghettos de pauvres pas près de disparaître19/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une-2181.gif.445x577_q85_box-0%2C18%2C158%2C222_crop_detail.png

Leur société

Politique de la ville : Les ghettos de pauvres pas près de disparaître

Fadela Amara, secrétaire d'État à la Politique de la ville, a confirmé qu'un redéploiement des moyens consacrés aux zones urbaines sensibles (ZUS) était à l'étude. Le gouvernement entend « donner plus à ceux qui ont moins, à moyens constants ».

Ce que la nomenclature gouvernementale appelle ZUS, c'est en fait un quartier HLM ravagé par la crise, avec toutes ses conséquences. Le chômage y est plus élevé qu'ailleurs et les perspectives d'emploi moindres. Les habitations sont dégradées, les services publics (transports, équipements collectifs, etc.) encore moins développés que dans les autres quartiers. Les écoles et collèges, malgré des crédits spécifiques, sont au bord de l'explosion permanente. Les dégradations de toute nature y sont fréquentes, les incidents plus ou moins graves répétitifs. De nombreux jeunes, désoeuvrés par force, y tournent en rond à longueur de journée. Cette « zone », le terme comme la chose sont toujours d'actualité après deux siècles d'existence, est le terrain propice au développement de la délinquance de rue, ce qui y rend la vie encore plus insupportable.

Depuis trente ans, la progression du chômage d'une part, la politique ou plutôt l'absence de politique de l'État en matière de logement et d'urbanisme d'autre part, ont multiplié le nombre, l'extension et la misère de ces quartiers délaissés. Si bien que, après quelques faits divers retentissants, 751 d'entre eux, regroupant 4,7 millions d'habitants, furent baptisés ZUS en 1996. Un ministère fut chargé de s'en occuper et des crédits débloqués. Ces crédits relevant de plusieurs administrations, il est difficile d'en évaluer le total. Le secrétariat d'État actuel parle d'un milliard d'euros par an consacré par l'État aux dispositifs ZUS, hors programmes de construction et rénovation de logements, et en plus bien entendu de ce que payent les collectivités locales. Rapporté à la population résidant en ZUS, cela fait quelque deux cents euros par habitant et par an.

Un rapport annuel fait le bilan de cette politique. Celui de 2009 montre, en 280 pages, que ça ne s'améliore pas. L'explosion du chômage depuis deux ans, non encore prise en compte dans le dernier rapport, n'a certainement pas arrangé les choses. La politique d'économies sur les services publics et les aides aux plus pauvres, non plus. C'est justement en application de cette politique-là que Fadela Amara annonce que les moyens consacrés aux ZUS seront « constants ». Ce qui veut dire en fait que, la situation empirant, ils seront encore plus insuffisants qu'avant.

Fadela Amara, comme ses prédécesseurs et l'ensemble des commentateurs, insiste sur le fait que l'État « donne à ceux qui en ont besoin », comme si c'était de la charité. Mais les habitants des quartiers populaires sont des travailleurs comme les autres. L'État ne « donne » rien en construisant un équipement dans une ZUS, il ne fait que restituer à des familles de travailleurs une toute petite partie de la richesse créée par leur travail.

En revanche il les vole en consacrant une part de plus en plus grande de son budget à donner plus à ceux qui ont le plus, les capitalistes.

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