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- Lutte ouvrière n°2181
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Dans les entreprises
EAK - Valentigney (Doubs) : Face aux licenciements, travailleurs en légitime défense
Un directeur et deux cadres d'EAK à Valentigney ont dû passer les deux nuits du 11 et 12 mai dans leur entreprise. Sans oreiller ni pyjama, est-il nécessaire de le préciser. Cette action des salariés a aussitôt attiré l'attention dans la région. Cette usine, à 4 km de Sochaux, fabrique des airbags et des ceintures de sécurité uniquement pour Peugeot Citroën. Principaux actionnaires : Autoliv et Faurecia mais, derrière Faurecia, il y a majoritairement PSA. La fermeture de l'usine a été programmée pour 2011. Depuis un an, les journées de chômage partiel ou total se sont multipliées.
Il n'y a plus que 92 salariés, en majorité des ouvrières. La direction veut en licencier dès aujourd'hui 42, et le restant l'année prochaine. C'est suite à la réponse méprisante du directeur, « Il n'y a rien à négocier », lancée aux ouvrières venues réclamer des garanties et des indemnités, que ce dernier et ses deux acolytes ont été retenus sur place.
Au bout de trois jours, promesse est faite de discussion avec un responsable du groupe. Les délégués FO et CGT de l'usine rendent compte au personnel des tractations en cours. Premier coup tordu de la direction : malgré sa parole donnée, elle refuse de signer le texte mis au point par l'inspecteur du travail et les syndicats. Nouveau rendez-vous pris, nouvelle promesse de signature en sous-préfecture samedi après-midi 15 mai, et... nouvelle dérobade de la direction.
Le personnel veut des garanties pour l'avenir. Mais jusqu'à présent les indemnités de départ ne dépassent pas, tout compris, 6 000 euros ! L'intersyndicale met en avant la priorité aux reclassements : « Un CDI pour un CDI », en s'appuyant effectivement sur l'obligation légale de reclassements au sein du groupe PSA-Faurecia.
Mais l'état d'esprit de beaucoup de travailleuses, dont la moyenne d'âge est de 50 ans, c'est la méfiance quant aux promesses de reclassements. Comme le disait l'une d'entre elles : « Vous me voyez aller en fabrication à Sochaux ? J'ai 52 ans ! Face à ce que les patrons imposent à des jeunes intérimaires, je ne pourrai pas tenir le coup ! Alors, qu'on me donne assez de pognon pour partir ! »
Lundi 17 mai, rien n'était encore obtenu, ni sur les reclassements, ni sur les indemnités. La direction fait le chantage : reprise du travail, sinon pas de négociation. « Le patron compte sur notre fatigue, mais nous avons la rage! » commentait un délégué de l'usine. Le personnel et les syndicats FO et CGT appelaient les travailleurs de la région à venir les soutenir le 19 mai devant la sous-préfecture de Montbéliard.