Espagne : Une opposition de droite plus offensive que celle des dirigeants syndicaux19/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une-2181.gif.445x577_q85_box-0%2C18%2C158%2C222_crop_detail.png

Dans le monde

Espagne : Une opposition de droite plus offensive que celle des dirigeants syndicaux

L'opposition de droite espagnole, avec le Parti Populaire de Rajoy, n'a pas manqué de fustiger le gouvernement socialiste. Ce parti, qui n'en finit pas de réclamer l'austérité pour les classes populaires, voudrait que Zapatero soit moins timoré sur ce terrain.

Par ailleurs, il s'est aussi permis de critiquer certaines mesures comme celle de la baisse du financement public des partis politiques. Ce parti de droite, réactionnaire, empêtré aujourd'hui dans des affaires de corruption, n'en finit pas d'attaquer la mollesse d'un gouvernement qui, après avoir nié la gravité de la crise, se contenterait d'un plan de rigueur timide. Il conteste tout simplement la capacité du gouvernement à le mener à bien et appelle donc à la mise en place d'un nouveau gouvernement. Dans cette joute, Zapatero joue le consensus politique et invite maintenant le PP à discuter et à participer à la mise en place des mesures de rigueur.

Quant aux syndicats, dont les deux syndicats majoritaires, l'UGT liée aux socialistes et Commissions Ouvrières (CCOO), lié au PC, ils n'ont pas tardé à protester. Il faut dire que depuis des mois Zapatero leur avait fait la promesse de ne procéder à aucune coupe dans les politiques sociales. Alors ils ont appelé dès le 13 mai à des rassemblements pour le 20 mai, puis à une grève générale de la fonction publique pour le 2 juin. Mais le moins que l'on puisse dire est qu'ils essaient de jouer le jeu de la concertation avec le gouvernement.

Zapatero n'a même pas fait semblant de prendre la moindre mesure qui fasse payer un peu les plus riches, que ce même gouvernement avait exonérés de l'impôt sur le patrimoine. Mais les dirigeants syndicaux diffèrent les échéances. La grève générale de la fonction publique pour le 2 juin vient d'être reportée déjà au 8 juin, quatre jours plus tard. Le prétexte invoqué est la mise en place d'une réunion de « dialogue social » avec le ministre du Travail, où seraient discutées les mesures qu'un prochain Conseil des ministres doit adopter et faire appliquer par décret. Si les syndicats dénoncent les mesures, ils n'en sont pas moins toujours pour « un effort partagé », comme le résume la déclaration du dirigeant de CCOO : « La reprise de l'activité économique et de l'emploi exige un compromis de tous, gouvernement, organisations patronales, syndicats et forces politiques. » Et leur « opposition totale », qui pour l'instant ne s'est traduite que dans les paroles, pourrait bien être revue et corrigée si le gouvernement acceptait un simulacre de discussion, que ce soit sur la mise en place du gel des pensions pour l'année prochaine ou sur les nécessaires mesures à prendre (mais combien inefficaces) pour se protéger des mesures spéculatives.

Il est significatif que, depuis des mois, ces mêmes syndicats discutent avec le patronat et le gouvernement pour négocier une réforme du travail censée faciliter l'emploi, mais qui se traduira par des indemnités de licenciement revues à la baisse et une diminution des charges patronales.

Les travailleurs ont toutes les raisons de ne pas attendre des syndicats une riposte à la mesure des attaques du gouvernement. Mais il peut dépendre d'eux, de ces travailleurs, qu'ils fassent entendre leur colère, leur refus de faire les frais de la crise qu'ils payent déjà lourdement, et reprennent confiance dans la force qu'ils représentent en trouvant le chemin de la lutte d'ensemble pour faire payer les vrais responsables de la crise.

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