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Espagne : Coupes dans les dépenses de l'État aux dépens des travailleurs
L'Espagne n'a pas échappé à la spéculation sur la dette publique. La semaine même où le président socialiste Zapatero annonçait la fin de la récession, la Bourse perdait 10% et le montant de la dette publique (500 milliards) grimpait à un rythme inédit. Le lundi 10 mai, la ministre de l'Économie, Elena Salgado, annonçait une réduction des dépenses publiques de quinze milliards pour 2010 et 2011 et, le mercredi, le président socialiste Zapatero lui-même présentait devant les députés les mesures pour y parvenir : baisse des salaires des fonctionnaires de 5 % en moyenne, gel de la plupart des pensions de retraite, réduction des dépenses sociales et des investissements publics. Pas une seule mesure qui ne soit une attaque contre les travailleurs, justement ceux qui ne sont en aucune façon responsables de la crise !
Comme pour la Grèce, la crise en Espagne est issue de la spéculation, en l'occurrence sur la dette publique, qui permet aux détenteurs de capitaux d'empocher en un rien de temps des profits faramineux en contribuant à endetter davantage l'État. Mais si la dette a pu atteindre 11,4 % du PIB, c'est parce que l'État avait fait pleuvoir la manne de l'argent public pour toutes sortes de cadeaux au patronat et à la finance. Ainsi, 9 milliards ont été donnés l'an dernier au secteur automobile pour encourager les ventes, et surtout 150 milliards ont été mis à « disposition » du système financier... des milliards qui manquent donc à l'État et qui servent à spéculer sur la dette qu'il a contribué à creuser ! On comprend que le patronat n'ait pas protesté contre des mesures qui font qu'encore une fois ce sont les travailleurs qui paient pour leurs profits.
Le gouvernement ne ménage pas ses efforts pour expliquer que c'est un mal nécessaire et convaincre du bien-fondé des mesures. En baissant les salaires des 2,8 millions de fonctionnaires de 30 à 200 euros par mois, le gouvernement entend récupérer 4 milliards d'euros. Zapatero et ses ministres ont commencé par donner l'exemple - la seule mesure qui a suscité l'adhésion de l'ensemble de l'opinion ! Mais ils ont rapidement embrayé sur tous les faux arguments qui visent à diviser les travailleurs du privé et du public, développant l'idée que jusque-là seuls les chômeurs avaient payé la crise et que « l' avantage » de la sécurité de l'emploi dont bénéficient les fonctionnaires valait bien une baisse du salaire !
4,6 millions de chômeurs, plus de 20 % de la population active, paient en effet la facture de la crise. Mais ce sacrifice dramatique pour les classes populaires ne sert qu'à maintenir au plus haut les profits d'une minorité : 42 milliards par exemple pour l'équivalent espagnol du CAC40, 12,6 milliards pour les banques l'année dernière ! Parmi les mesures les plus impopulaires figurent les diminutions des dépenses sociales comme le « chèque bébé » de 2 500 euros, ou des indemnités réduites pour les handicapés mais surtout le gel des pensions de retraite pour 2011, qui concerne 6 des 8,6 millions de retraités.
Face au tollé sur les retraites, les déclarations se veulent rassurantes, Zapatero garantissant que l'inflation constatée en novembre prochain sera prise en compte pour 2011. Reste qu'il s'agit de récupérer un milliard et demi sur les retraites... Quant aux six milliards d'économies sur les investissements publics, si la mise en application de cette mesure reste dans le flou, il est sûr qu'elle aura des répercussions sur les emplois et les salaires.
Si le gouvernement arrive à ses fins, les 15 milliards atterriront bien chez les banquiers mais manqueront en partie à la consommation, et c'est toute l'économie qui en sera affectée.