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Dans les entreprises
Siemens VDO – Toulouse et Boussens (Haute-Garonne) : Trois jours de grève pour les salaires
Après trois jours de grève, de mardi 21 novembre à vendredi 24, les salariés des usines Siemens de Toulouse et de Boussens (2000 salariés environ, aux trois quarts des techniciens et ingénieurs) ont obtenu 40 euros d'augmentation pour tous, ainsi qu'un jour de congé supplémentaire pour le personnel de fabrication, afin de compenser un des trois jours de grève.
Cela faisait déjà quelques semaines que le mécontentement couvait. L'annonce que le résultat de cette année serait aux environs de 60 millions d'euros -50% de plus que l'objectif prévu- alors que l'augmentation moyenne des salaires serait, elle, de 2%, a mis les travailleurs en colère et les a convaincus de réclamer leur dû. Vendredi 17novembre, une première assemblée du personnel appelée par le syndicat CGT décidait de voter la revendication de 150 euros pour tous. L'assemblée du mardi 21votait la grève. Le lendemain à 9 heures, près de 600travailleurs se retrouvaient à une nouvelle assemblée générale, et plus de 700étaient en grève. Ils rajoutaient à leur revendication de 150euros d'augmentation le paiement des heures de grève.
La direction a entamé immédiatement les discussions avec les délégués syndicaux et une délégation élue de grévistes: mais c'était simplement pour expliquer que «le contexte était difficile », «qu'il ne fallait pas mettre l'avenir en danger» et qu'elle s'engageait à étudier la question avec les délégués syndicaux. Elle annonçait une proposition pour le lendemain... et demandait aux grévistes de reprendre le travail. Mais, face à cela, ils reconduisaient à nouveau leur grève. Ceux de la nuit firent de même. L'assemblée générale organisa différentes activités: certains se chargèrent de contacter la presse, d'autres prirent en charge les manifestations des grévistes dans les bâtiments de l'usine, d'autres encore firent circuler un cahier de revendications.
Jeudi 23, c'est cette fois-ci à 700 le matin et 800 l'après-midi que les grévistes se réunirent et qu'une nouvelle réunion de discussion s'ouvrit: le nombre des grévistes approchait maintenant le millier.
La direction finit par annoncer qu'elle proposait... soit une augmentation de 22euros brut pour tous, soit une prime de 1100 euros brut en une seule fois. Elle tenta de venir en parler devant l'assemblée. Après la prise de parole d'un directeur, qui déclencha sifflets et interpellations, un délégué CGT prit le micro et déclara: «Cette année, j'ai touché une prime de 300 euros: c'est la première fois depuis longtemps que la direction «reconnaît » mon travail. Cette prime, je l'ai partagée avec mes camarades d'atelier. Mais tous ces directeurs ici présents, leurs primes «incitatives» dont on ne connaît même pas le montant, pourquoi ils ne les partagent pas avec nous?»
L'intervention déclencha un tonnerre d'applaudissements, les directeurs partirent sans demander leur reste, leurs «propositions» furent unanimement rejetées, et la grève continua. Par ailleurs, ceux de l'usine de Boussens, située à 70km de Toulouse, décidaient de rejoindre à leur tour le mouvement.
Le lendemain 24novembre, il y avait toujours 700salariés à l'assemblée du matin. Lors de la réunion, la direction recula encore un peu et proposa 40 euros pour tous. L'information fit le tour chez les grévistes. L'assemblée générale de l'après-midi promettait d'être animée, mais là, surprise: en plus des 800grévistes présents, plusieurs chefs de service débarquèrent avec environ 200non-grévistes! Après la prise de parole de la direction, un délégué CGT exigea que la direction et les non-grévistes partent, afin que les grévistes décident entre eux. Un chef de service a pris alors la parole, très agressif: «Est-ce une assemblée de salariés ou de grévistes? Nous aussi nous sommes des salariés, et nous avons des choses à dire! Il n'y a pas que vous qui travaillez, moi je me suis fait tout seul, etc.» Son discours provoqua un tollé chez les grévistes, qui se mirent à siffler et à hurler; tant et si bien que les non-grévistes durent rebrousser chemin sous les huées.
Du coup, ceux qui s'apprêtaient à voter la reprise ne voulurent pas le faire de suite. L'assemblée décida de marquer le coup, de ne pas accepter ce que la direction proposait, et de réclamer 50euros et le paiement des jours de grève. La discussion avec la direction reprit jusqu'à 17h30: à la sortie, la direction avait lâché un jour de congé supplémentaire pour le personnel de fabrication, plus des facilités pour récupérer les jours de grève sur six mois.
C'est alors seulement que la majorité des grévistes réunis décidèrent d'arrêter le mouvement, contents d'avoir marqué le coup face au coup fourré de la direction, et d'avoir fait lâcher une augmentation au patron.
Correspondant LO
Camouflet pour la direction de Freescale-Motorola
70 salariés des équipes de week-end ont assigné la direction de Freescale devant le tribunal des prud'hommes pour que les jours fériés leur soient majorés à 200%, comme c'est le cas pour les travailleurs des autres équipes. Après quatre années de procédure, un jugement en appel vient de leur donner partiellement raison. Il ordonne que les jours fériés travaillés en semaine, donc en dehors de leurs jours normalement travaillés, doivent effectivement être majorés à 200%.
Désormais cette décision des tribunaux va s'appliquer à tous les salariés de week-end, mais seuls ceux qui ont osé s'opposer à leur patron devant le tribunal toucheront quelques milliers d'euros à titre d'effet rétroactif sur une dizaine d'années.