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Dans les entreprises
Freescale (ex-Motorola) Toulouse : Après le rachat, les actionnaires encaissent
En 2004, le trust mondial Motorola se séparait de sa branche semi-conducteurs. L'établissement toulousain changeait alors d'enseigne pour s'appeler Freescale, et continuait la production des puces, avec environ 700 salariés à la production sur un total de 1800 personnes. Après un peu plus de deux ans d'existence autonome, la société Freescale est maintenant rachetée par un groupement d'investisseurs, avec l'aval de ses actionnaires qui réalisent ainsi une formidable plus-value. En effet l'action, qui valait 13$ au moment de la séparation, va leur être achetée 40$, soit un gain de plus de 200%.
Les acquéreurs sont un consortium de financiers qui comprend entre autres le fameux Carlyle Group, tristement célèbre pour ses activités en Irak. Ces fonds se sont fait une spécialité des rachats avec effet de levier ou LBO (Leverage Buy-Out), qui consistent à racheter des sociétés en n'apportant que 30 à 50% des fonds, le reste étant prêté par des banques. Cette technique financière qui minimise l'apport en capital augmente considérablement le rendement des fonds investis, au prix d'un très fort endettement des sociétés rachetées. Ainsi Freescale est racheté pour une valeur de 17,6 milliards de dollars, mais le consortium n'apporte que 7,15 milliards, soit 40% du montant total.
La direction a insisté sur le fait que la nouvelle société ne serait plus cotée en Bourse et ne serait plus soumise à l'obligation de publier ses résultats. Elle devient la filiale d'une holding que les acquéreurs ont fondée à cette occasion et qu'ils ont domiciliée dans l'État américain du Delaware. Il s'agit d'un paradis fiscal qui a déjà attiré plus de la moitié des 500 plus grosses fortunes américaines et 43% des sociétés cotées à la Bourse de New York. Les sociétés n'y paient pas d'impôt sur les bénéfices, et n'ont même pas d'obligation de tenir une comptabilité.
Ces rachats sous forme de LBO se multiplient dans tous les secteurs, et notamment dans la micro-électronique.
Les comptes et la gestion de l'entreprise vont devenir plus opaques que jamais. Les profits réalisés aussi. Cette opération représente un véritable gros lot pour les actionnaires. Ainsi Michel Mayer, le principal dirigeant du groupe Freescale, possède plus d'un million d'actions; ce rachat, selon la presse spécialisée, se solde pour lui par une plus-value de 37 millions de dollars!
Pour les travailleurs ce n'est pas la même histoire. À Toulouse, depuis la séparation, une réorganisation de la production en cinq équipes a fait apparaître artificiellement des «sureffectifs »et a obligé des salariés à accepter des transferts. Les équipes de week-end ont été réorganisées, avec des horaires démentiels de deux fois 12 heures en jour ou trois fois 11heures 30 en nuit. Et la direction en a aussi profité pour récupérer trois ponts.
On voit à quoi ont servi tous ces efforts. Le discours officiel était «qu'il fallait augmenter la productivité et accepter un quasi-blocage des salaires pour réussir la séparation avec Motorola et assurer la pérennité de la nouvelle entreprise». Il s'agissait en fait de plus exploiter les travailleurs pour mieux engraisser les actionnaires.