À l'usine de Sochaux, depuis le 20 novembre, le nombre de voitures type 307 qui sortent des chaînes de fabrication est passé de 56 à 52 voitures par heure. La direction en profite pour rejeter plus d'une centaine d'ouvriers intérimaires sur 600 et répartir le travail qu'ils effectuaient sur les postes de ceux qui restent. Dans deux ateliers de fabrication, la quasi-totalité des ouvriers ont tenu à exprimer leur désaveu de cette politique du patron!

Dans l'atelier des amortisseurs, pour répondre à une demande d'une partie des ouvriers embauchés et intérimaires auprès des militants CGT, une réclamation collective pour l'embauche des intérimaires a été faite. Elle a recueilli l'adhésion de plus de 90% des ouvriers de cet atelier, intérimaires compris! Avec des contrats d'intérim d'un, deux ou trois mois, et les renvois incessants d'ouvriers intérimaires à qui la direction demande, avant de les mettre à la porte, de former leurs remplaçants, intérimaires eux aussi, les embauchés tenaient à dire qu'ils en ont assez de ces méthodes peu ragoûtantes du patron et qu'il y a assez de travail pour tous!

Dans la nuit du 21 au 22 novembre, des intérimaires des Amortisseurs, à qui il manquait de 100 à 200 euros environ sur la paie et qui seront en fin de contrat début décembre, ont commencé à quitter leur poste pour aller, avec des délégués CGT, réclamer la régularisation de leur paie ainsi que leur embauche ! Des agents de maîtrise, surpris, ont couru dans tous les sens en disant qu'il n'y avait personne pour les remplacer... sous les regards amusés des ouvriers de l'atelier! Un représentant de la direction a dû recevoir plus d'une dizaine d'intérimaires et prendre l'engagement de transmettre leur demande d'embauche et de contacter les agences d'intérim pour régler les problèmes sur la paie!

Dans un autre secteur de fabrication, le Ferrage, 90% des ouvriers ont réclamé, comme aux Amortisseurs, l'embauche des intérimaires! Au Montage, où 34% des emplois d'ouvriers de fabrication (CDI, CDD, intérim) ont été supprimés ces deux dernières années, et la production baisse aujourd'hui de 19%. Mais en renvoyant encore à l'ANPE une centaine d'ouvriers intérimaires, après en avoir rejeté plusieurs centaines ces derniers mois, la direction rend les conditions de travail encore plus pesantes pour ceux qui restent et le mécontentement des ouvriers est le même qu'ailleurs!

Dans un secteur de la filiale Sense (créée par Peugeot pour le chauffage, certains services de la maintenance, du nettoyage, etc.) le renvoi de plusieurs ouvriers en CDD a suscité une émotion telle que les ouvriers ont eux aussi tenu à dire qu'ils n'étaient pas d'accord et qu'ils sont pour leur embauche. Une fois n'est pas coutume, les autres syndicats se sont joints à la réclamation formulée par la CGT de Sense!

Il y en a assez, chez Peugeot, de ces «fins de contrat» d'intérimaires, qui ne sont rien d'autre que des licenciements.