France Télécom : Un «crash programme»... pour diminuer le personnel29/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2000.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom : Un «crash programme»... pour diminuer le personnel

France Télécom vient de confirmer sa volonté de se débarrasser de 22000 salariés d'ici 2008. C'est-à-dire du maximum de salariés qui ont encore le statut fonctionnaire, qui restent de l'ordre de 100000 depuis l'époque où l'entreprise était un service public. France Télécom les juge «trop protégés» et aussi «trop payés».

Depuis dix ans et jusqu'à cette fin d'année, deux plans dits «de congé de fin de carrière» (CFC) lui ont permis de se débarrasser des plus de 55 ans. Dans le même temps, l'entreprise a essayé de convaincre les autres de se reconvertir dans d'autres secteurs de la fonction publique. Mais comme, malgré les pressions incessantes, les départs volontaires ne sont pas suffisants aux yeux de la direction, le ton est en train de changer.

C'est ce qu'a pu apprendre le personnel en lisant, sur le réseau interne de messagerie de l'entreprise, un courrier -une fuite, semble-t-il- reproduisant un discours des trois principaux dirigeants de l'entreprise s'adressant aux représentants des cadres. Le nom du programme donne une idée de l'état d'esprit de la direction: «crash programme»... Et le vocabulaire devient plus virulent: les responsables du personnel devront avoir une attitude «pro-active» (agressive, dans le jargon de l'entreprise), et être «au combat»!

Il est expliqué par un directeur qu'il faut «fixer des listes nominatives» par service et «commencer une démarche de coaching et d'accompagnement, soit vers un domaine prioritaire, soit à l'extérieur du groupe». Autrement dit un salarié, même pas trop mal placé dans la hiérarchie, pourra avoir le choix entre un poste où il devra répondre aux clients dans un centre d'appels (ce que les dirigeants appellent le travail «en plateau») ou... la porte. Et, d'après le même directeur, le plus à plaindre est celui qui prend une telle décision: «Lorsqu'un manager envoie un mail pour informer un cadre qu'il se retrouve sur un plateau le lundi matin, il faut d'abord aider le manager dans sa fonction»!

Les conséquences ne se sont pas fait attendre: on a pu entendre de zélés responsables expliquer en réunion de «managers» de groupe qu'ils devaient monter des dossiers disciplinaires dans chacun de leurs groupes, ajoutant: «Ne me dites pas que vous n'avez pas un ou deux cas dans chacune de vos équipes». Ailleurs, surtout dans les services techniques, les responsables expliquent qu'il n'y a plus de place dans l'unité, que la porte est grande ouverte et qu'il faut choisir «de la prendre à temps»!

Tout cela se fait alors que partout il manque du monde pour résorber les problèmes des usagers, que ce soit dans les services techniques pour réparer les installations en panne, ou que ce soit pour répondre aux demandes des abonnés pour de nouveaux services, ou encore aux appels auprès des centres d'assistance par téléphone.

Cette politique ne peut même pas prendre pour prétexte de prétendues difficultés financières de l'entreprise. Le bénéfice de 2005 s'élevait à 5,7 milliards d'euros, et en 2006 elle a mis de côté 7 milliards d'euros pour ses projets, indépendamment de ce qui est distribué aux actionnaires. Pour ces derniers, le journal Les Échos explique que -parmi les entreprises du CAC40- France Télécom, «devrait être une fois encore la société la plus généreuse en termes de dividendes»...

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