Pays-Bas : Le résultat des élections législatives29/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2000.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pays-Bas : Le résultat des élections législatives

Un désaveu de la politique d'austérité

Les élections législatives, qui ont eu lieu le 22 novembre, se sont traduites par une sanction du gouvernement Balkenende. Le Premier ministre sortant avait convoqué ces élections anticipées après l'effondrement, en juin, de sa coalition gouvernementale de droite. Celle-ci, formée autour de l'Appel Chrétien-Démocrate (CDA), recule, passant de 50,5% à 43,9% des voix.

Ce scrutin a également été caractérisé par la disparition de la Liste Pim Fortuyn (LPF), du nom de ce démagogue (assassiné en 2004), qui avait effectué une percée en mai 2002 (en recueillant 17% des suffrages) à la suite d'une campagne anti-immigrés. La LPF était sortie du gouvernement en janvier 2003, avait provoqué des élections anticipées et était retombée à 5,6%. Elle n'obtient plus que 0,2% et aucun député. Toutefois une nouvelle formation créée il y a quelques mois, le Parti de la Liberté, a recueilli 6% des suffrages, en faisant en particulier campagne contre l'islam.

Ce sont les partis classés à gauche de l'échiquier politique qui enregistrent une poussée, leurs suffrages cumulés passant de 38,6 à 43%. Mais à l'intérieur de ce camp une évolution importante s'est faite. Le vieux Parti du Travail (PvdA) perd 5,7 points et enregistre, avec 21,5%, son plus mauvais résultat depuis la guerre. Cependant le Parti Socialiste (SP), classé sur sa gauche, effectue une percée importante: il passe de 6,3% des suffrages à 16,9%. Il y a donc une désaffection de l' électorat populaire envers la social-démocratie traditionnelle, dont le programme économique se distinguait peu de celui du CDA. Le SP, lui, a attiré les suffrages de nombreux électeurs d'origine immigrée, mécontents de la politique de plus en plus répressive menée par le gouvernement envers l'immigration. Mais il a eu aussi ceux de nombreux électeurs hostiles à la politique d'austérité engagée depuis 2002: réduction des budgets sociaux, privatisations (la veille même du scrutin, le gouvernement a vendu ce qui lui restait de participation dans la poste, qui est désormais entièrement privatisée), réforme de l'assurance-maladie conduisant à une couverture médicale dégradée pour ceux qui n'ont pas les moyens financiers de se payer une assurance complémentaire privée, etc.

Après le scrutin, la formation d'une majorité parlementaire stable s'annonce difficile. Et, une nouvelle fois (comme entre 1994 et 2002), une «grande coalition» entre les chrétiens-démocrates du CDA et les sociaux-démocrates du PvdA n'est pas exclue. Quoi qu'il en soit, le futur gouvernement risque bien de poursuivre la même politique en faveur des possédants. Et pour s'y opposer, il faudra que le mécontentement ne se contente pas de s'exprimer dans les urnes.

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