La fusion Suez-Gaz de France reportée : Le projet de privatisation doit être mis au panier!29/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2000.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La fusion Suez-Gaz de France reportée : Le projet de privatisation doit être mis au panier!

Une décision de justice inattendue vient de reporter de quelques semaines la fusion Suez-Gaz de France. Sans doute aura-t-elle lieu en janvier ou février 2007, ce qui semble provoquer quelques inquiétudes aux dirigeants patronaux et à certains politiciens.

Le comité d'entreprise européen de Gaz de France, c'est-à-dire les syndicats, avait porté plainte contre le non-respect du droit à l'information du comité d'entreprise. La direction a eu beau prétendre avoir tenu informés les représentants du personnel, au fur et à mesure de l'avancement du projet de fusion, et s'être engagée à ce qu'il n'y ait aucun licenciement, le tribunal de grande instance de Paris a condamné Gaz de France et interdit de prononcer la fusion avant l'information complète du comité d'entreprise européen. Le jugement a été rendu le 21novembre à 14heures. Aussitôt GDF a fait appel. Mais il y a eu, dans la foulée, un second jugement par la cour d'appel, le même jour en soirée (la justice est parfois très rapide)... confirmant le premier!

La direction de Gaz de France qui, à la demande du gouvernement, voulait procéder à la fusion au pas de charge, sans trop se soucier du règlement et avec un profond mépris pour les syndicats (et le personnel!), en est donc pour ses frais.

Bien sûr, ce report de quelques semaines risque de ne rien changer à la finale. Beaucoup de travailleurs de GDF ainsi que d'EDF (qui sont encore souvent ensemble) estiment que de toute façon l'affaire est pliée.

Au niveau des dirigeants de Gaz de France, de Suez et du gouvernement, c'est un évident désappointement, avec parfois un ton catastrophé. Thierry Breton, le ministre de l'Économie, a déclaré que «le gouvernement attend et entend que Gaz de France poursuive désormais, dans l'intérêt de tous ses actionnaires, de tous ses clients et de tous ses salariés (on appréciera dans quel ordre vont les préoccupations du ministre), le ou les projets qu'il convient de mettre en place, en respectant évidemment scrupuleusement les règles de droit».

Le gouvernement est évidemment désolé de voir le débat sur la privatisation de Gaz de France risquer de resurgir en période électorale. Il sait bien qu'une bonne partie de la population est réticente à ce projet, et que du coup un grand nombre de députés UMP ont été très difficiles à convaincre par Thierry Breton en personne, afin qu'ils acceptent de voter pour la privatisation de Gaz de France, préalable indispensable à la fusion avec Suez. Remettre tout cela sur le tapis est évidemment ennuyeux, d'autant que Sarkozy lui-même, avant de se renier, avait promis que l'État resterait majoritaire dans Gaz de France.

Sur le fond de la question, les usagers craignent à juste titre que cette fusion entraîne des hausses encore plus fortes du prix du gaz. Il n'y a qu'à voir la gourmandise des principaux actionnaires de Suez, qui veulent bien de la fusion, mais à condition d'obtenir un dividende exceptionnel, pour mesurer le risque. La privatisation de Gaz de France, et ce qui en découle, serait un mauvais coup porté aux usagers comme au personnel.

Alors, tant mieux si la question est remise sur le tapis. Et ce serait aussi tant mieux si les usagers, et les travailleurs de Gaz de France, s'en saisissaient pour remettre en cause cette privatisation, sans se fier pour cela aux belles promesses électorales, mais à leurs luttes.

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