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Dans le monde
Pays-Bas : Le Parti Socialiste, de Mao... à un strapontin gouvernemental?
Une partie de la presse française a présenté le succès du Socialistiese Partij (SP - Parti Socialiste) comme une percée de «l'extrême gauche», alors que c'est un qualificatif qu'il n'utilise pas lui-même, même si un certain nombre de groupes d'extrême gauche militent en son sein. En fait, le SP est issu d'une organisation maoïste, le Parti Communiste (marxiste-léniniste) des Pays-Bas, né en 1972 d'une scission du PC stalinien. Alors que tant d'autres organisations de ce type ont disparu en Europe au tournant des années 1980-1990, le SP a survécu en abandonnant ce qui, dans ses références, pouvait apparaître comme trop révolutionnaire: il a changé de nom, a rayé de son programme les nationalisations et l'instauration de la république, pour prôner un vague socialisme «de la dignité, de l'égalité et de la solidarité». Il a aussi, au cours des années passées, pris des positions ambiguës vis-à-vis des travailleurs immigrés, réclamant d'un côté le droit au séjour pour les demandeurs d'asile, mais aussi plus de contrôle vis-à-vis des réfugiés économiques.
Grâce à la loi électorale favorisant la proportionnelle, le SP a obtenu depuis longtemps des élus dans les Conseils municipaux et est entré au Parlement dès 1994 avec 1,3% des voix et deux députés. Il a progressé régulièrement depuis et a profité, en juin 2005, du fait d'avoir été le principal parti connu à avoir appelé à voter «non» lors du référendum sur la Constitution européenne, où le non l'a emporté aux Pays-Bas comme en France.
Dans les élections qui viennent d'avoir lieu, le SP avait un slogan remarquablement flou («De meilleurs Pays-Bas pour le même prix») et réclamait une réduction du budget de la Défense et une augmentation de la taxation des entreprises. Son leader, Jan Marijnissen, s'est déclaré prêt à participer à un gouvernement dirigé par le PdvA social-démocrate, pourtant discrédité et qui n'envisage nullement de revenir sur les réformes effectuées par la droite. Mais dans ce cas, quel rôle pourrait jouer le SP, autre que celui d'une force d'appoint à une politique qui a été rejetée par ses propres électeurs?