Les déplacements en région parisienne : Priorités affichées et réalité...29/11/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2000.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les déplacements en région parisienne : Priorités affichées et réalité...

Le président PS du Conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, vient de faire connaître les grandes lignes du futur schéma directeur d'aménagement de la région. Ce projet, dit-il, donne la priorité aux transports en commun. Vu la situation de congestion du réseau routier francilien, ainsi que d'une bonne partie du réseau de transports collectifs, il y a urgence.

Un super-métro autour de Paris, une rocade ferrée en grande couronne, la prolongation du nouveau tram parisien et celle de dix lignes de métro... ces projets sont certainement indispensables. On pourrait d'ailleurs se demander pourquoi ils n'ont pas été lancés plus tôt. Et pourquoi leur réalisation devrait-elle s'étaler jusqu'en 2030?

Les fonds manquent, disent les dirigeants PS franciliens. Ils dénoncent à juste titre «le désengagement de l'État», qui laisse les régions se débrouiller avec leurs problèmes. La droite n'a pourtant pas toujours été au pouvoir. Quand le PS dirigeait le gouvernement, voire se trouvait à la tête de l'État -ce qui a été le cas plus de la moitié des vingt-cinq dernières années-, les moyens accordés aux transports en commun étaient-ils à la mesure des besoins? En tout cas, cela ne s'est guère vu, ni en région parisienne, ni dans les autres agglomérations, y compris dans des villes petites et moyennes.

Pollution, hécatombe routière, perte de temps, dépenses colossales (des chefs d'entreprises franciliennes ont même évalué à 2 milliards d'euros le manque à gagner du fait des embouteillages!), gâchis social multiforme: le «tout automobile» est une aberration. Mais les mesures envisagées, et parfois engagées, pour y mettre un terme ne sont pas neutres socialement.

S'agissant de dissuader de prendre sa voiture, des transports en commun abondants, et pas seulement en centre-ville, confortables, bon marché, voire gratuits, seraient certainement très convaincants. Pourquoi cette solution de bon sens n'a-t-elle jamais été sérieusement mise en oeuvre?

Et puis, selon des statistiques récentes, un ouvrier met entre quarante minutes et une heure trente pour rejoindre son lieu de travail, alors que pour un cadre le temps de trajet domicile-emploi est moitié moindre. Les salariés ayant les emplois les plus pénibles et les moins rémunérés sont plus pénalisés que d'autres quand ils ont de longues distances à parcourir dans des transports en commun bondés ou quand, n'ayant même pas cette possibilité -surtout pour circuler de banlieue à banlieue-, ils n'ont pas d'autre choix que de se déplacer en voiture.

Les responsables politiques parlent régulièrement d'améliorer les transports en commun. Mais cela tarde à se concrétiser, alors que cela dépendrait d'eux. Et en attendant, ceux qu'ils montrent du doigt sont les automobilistes en général, qui souvent ne sont que des victimes de l'incurie des pouvoirs publics en matière de transports. Et quand les autorités disent agir pour restreindre les nuisances liées à la voiture, c'est d'abord en faisant payer ceux qui n'ont d'autre choix que l'utiliser.

Les mesures envisagées diffèrent. Le gouvernement de droite envisage un péage dans la capitale et sur les autoroutes qui l'entourent, ce qui «mérite réflexion» disent les Verts. La majorité régionale de gauche a décidé d'augmenter les taxes sur l'essence et sur les cartes grises. Mais, sur le fond, cela ne change pas grand-chose: c'est à la population que les uns et les autres veulent présenter l'addition.

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