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Belgique : Explosion de gaz à Ghislenghien - La fatalité n’y est pour rien
L'explosion d'une grosse conduite de gaz sous pression, vendredi 30 juillet, dans la zone industrielle de Ghislenghien, a fait au moins 16 morts, 124 blessés dont certains gravement brûlés, et quatre disparus, probablement morts eux aussi. L'usine Diamant Boart en construction ainsi que deux entreprises voisines ont été soufflées. Cette catastrophe rappelle celle d'AZF à Toulouse en novembre2001.
Le gazoduc d'un mètre de diamètre géré par la société Fluxys (filiale d'un groupe dont Suez est actionnaire à 47%) transportait du gaz naturel à la pression de 80 bars de la côte belge à la frontière française. Il est enterré à 1,20 m de profondeur. Le développement d'une zone industrielle sur le passage de cette conduite de gaz ne pouvait qu'accroître les risques. Le passage des engins de terrassement, le creusement des fondations et toutes les vibrations engendrées par les chantiers ne pouvaient qu'affaiblir la conduite en acier soudée, sans parler des risques de perforation. La presse évoque le fait qu'un débris de la conduite porterait des traces d'un coup de pelleteuse, profonds de plusieurs millimètres.
On évoque une «erreur humaine», mais on aimerait être sûr que les dirigeants de Diamant Boart, informés par l'administration communale de la présence d'une conduite de gaz, aient fait le nécessaire pour en connaître l'emplacement exact. Il reste à savoir aussi si les ouvriers des entreprises sous-traitantes étaient au courant des risques. On sait que la sécurité a moins de valeur pour les actionnaires des entreprises que les économies faites en engageant des entreprises au rabais employant des travailleurs intérimaires peu formés et peu informés des risques.
La zone industrielle est gérée par la société IDETA, dont le président est l'actuel ministre PS de la Santé, Rudy Delmotte. Pourquoi celle-ci n'a t-elle pas neutralisé une large zone, clairement matérialisée, autour de la conduite de gaz? S'agissait-il de vendre à tout prix quelques centaines de mètres carrés supplémentaires? Là encore, la seule chose de sûre est que la vie des ouvriers de la zone industrielle n'a pas pesé lourd dans les décisions des dirigeants d'entreprise qui devront maintenant s'expliquer sur leurs choix.
Et encore heureux que les usines du secteur aient été vidées par les congés annuels, sinon l'explosion et le geyser de feu qui l'a accompagnée auraient pu faire des centaines de victimes supplémentaires.
Seuls quelques ouvriers d'entreprises sous-traitantes et une vingtaine de salariés de Diamant Boart étaient présents. Parmi les victimes on compte aussi cinq pompiers d'Ath et trois techniciens d'Electrabel (groupe Suez), prévenus une demi-heure avant l'explosion de la fuite de gaz.
Pèse aussi dans les responsabilités de cette catastrophe le fait qu'il n'a pas été décidé d'évacuer la zone industrielle immédiatement après la détection de la fuite.
Une enquête est maintenant ouverte, reste à savoir si elle pourra ou si elle aura la volonté d'aller jusqu'au bout, et déterminer les responsabilités des dirigeants des entreprises impliquées. Bien souvent, ces enquêtes enterrent la vérité, plutôt qu'elles ne la révèlent.