Assurance-maladie : L’intox continue et le pillage des salariés s’accentue05/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1879.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Assurance-maladie : L’intox continue et le pillage des salariés s’accentue

Deux jours après l'adoption de sa réforme de l'assurance-maladie, le ministre de la Santé, Douste-Blazy, annonçait le 1er août dans une interview au Journal du Dimanche qu'il lui restait quelques mauvais coups en réserve.

«Si, à terme, les comportements [des malades] ne sont pas modifiés, nous serons sans doute contraints de mettre en place une franchise en fonction des revenus.»

La réforme du gouvernement a déjà institué une «franchise» d'un euro par consultation et par acte médical. Elle a entériné l'augmentation du forfait hospitalier de 13 à 14 euros par jour. Elle augmente la CSG sur les retraites et les salaires et prolonge sans limite la CRDS initialement prévue pour éponger les dettes passées de la Sécu. Elle prévoit un renforcement des contrôles des arrêts-maladie et des malades atteints d'affections de longue durée remboursés à 100% par la Sécurité sociale. Et, si cela ne suffisait pas pour combler le prétendu «trou» de l'assurance-maladie, il faudrait donc, selon le ministre, payer en plus une franchise sur les médicaments. De combien? Sous quelle forme? Il ne le dit pas, mais prépare déjà l'opinion pour la prochaine attaque.

Quel culot! Cela fait des dizaines d'années que les gouvernements successifs demandent aux travailleurs de payer toujours plus tout en étant moins bien remboursés, alors que ce sont le patronat, l'État et les trusts de l'industrie pharmaceutique qui vident les caisses de la Sécurité sociale.

Les trois millions de chômeurs, dont l'État et le patronat sont responsables, représentent autant de cotisants en moins. Les exonérations de charges dont l'État a fait cadeau au patronat - prétendument pour créer des emplois - représentent à elles seules 20milliards d'euros, de quoi combler largement le «trou».

Quant à l'industrie pharmaceutique, pour ne citer qu'un exemple, les laboratoires Aventis et Sanofi-Synthélabo ont engrangé plus de 4,5milliards d'euros de bénéfices en 2003 (presque la moitié du «trou» évalué cette année-là à 11 milliards d'euros) et, pour acheter Aventis, Sanofi dépense 55milliards d'euros (plus de quatre fois le «trou» qui, en 2004, devrait être de 13milliards). Mais là, on n'a pas entendu Douste-Blazy ou un autre ministre demander à ces trusts qui pourtant s'engraissent sur le dos des malades et de la Sécurité sociale de «modifier leur comportement».

Ce sont les malades qui ont dû mettre la main à la poche. C'est ainsi que, pour diminuer la part du remboursement des médicaments dans les dépenses de Sécu, le gouvernement a déremboursé des centaines de spécialités et des centaines d'autres ont vu leur taux de remboursement baisser de 65 à 35%. Mais jamais, au grand jamais, il n'a été question de puiser dans les profits des trusts de l'industrie pharmaceutique.

Partager