La fin d’Egg-France (Tours) : - Trois ans de promesses et d’utilisation des fonds publics05/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1879.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La fin d’Egg-France (Tours) : - Trois ans de promesses et d’utilisation des fonds publics

La banque anglaise Egg, contrôlée à 79% par le groupe d'assurances Prudential, a décidé de fermer sa succursale en France, jugée non rentable, ce qui permettrait à Prudential de vendre un bon prix la branche anglaise, elle hautement profitable. Les 450 salariés en France, la plupart à Tours (338) seront donc licenciés.

En janvier 2002, Egg avait racheté Ze-bank, créée par le milliardaire Bernard Arnault, qui se voulait une banque d'un nouveau genre, une «banque en ligne», sans guichets, exclusivement sur Internet.

En mai 2001, avec une campagne publicitaire inondant la ville de Tours, Ze-bank avait décidé de s'installer dans un bâtiment tout neuf, ultra-moderne, construit par une société d'économie mixte dont le financement est en partie assuré par la ville de Tours. A l'époque, la presse locale faisait ses gros titres des «600 emplois promis à Tours» et affichait les sourires rayonnants du maire (PS) et du président du Conseil général (de droite), aux côtés du patron.

Quelques mois plus tard, Ze-bank était donc rachetée par Egg. Mais l'optimisme officiel était toujours de rigueur. En décembre 2002, on annonçait que Egg voulait créer un millier d'emplois à Tours d'ici 2004. En juillet 2003, le journal local titrait: «Egg grossit à vue d'oeil» et le magazine de l'agglomération se félicitait que Egg soit «si bien à Tours»... Il n'y avait toujours que 350 salariés, mais des «perspectives à 500 puis à 800»...

Pourtant, dès la fin 2003, les résultats de Egg-France étaient loin des chiffres annoncés et les rumeurs de lâchage par la maison-mère commençaient à circuler. La presse commençait à parler du «rêve des 1000 emplois»... Mais, interrogé sur le sujet en octobre 2003, le maire de Tours ne regrettait rien: «Si nous n'avions pas aidé Egg», cela aurait fait des emplois en moins sur Tours. «Preuve qu'il faut savoir prendre des risques», ajoutait-il.

La municipalité de Tours a donc «pris des risques» avec l'argent des contribuables, mais les actionnaires du groupe qui contrôle Egg, eux, ne veulent pas en prendre. Egg-France ne leur rapportant pas assez, le glas a sonné le 12 juillet dernier.

Aujourd'hui, le responsable (PS) du secteur économique de la ville de Tours se dit «vraiment triste» devant cette «brutalité du capitalisme». Il incrimine les «managers anglo-saxons», leurs «mauvais calculs», leurs «sottises», tandis que le maire déplore le sort des salariés «qui ont donné beaucoup d'eux-mêmes pour que cette activité risquée réussisse».

Comme si, dès le début, ces élus du Parti Socialiste ignoraient ce qu'étaient ces requins de la finance, qu'elle soit «en ligne» ou pas, chercheurs de profits dans les caisses des collectivités publiques et sur le dos des salariés qu'ils jettent après avoir exigé d'eux «qu'ils donnent beaucoup d'eux-mêmes».

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