Portugal : Pour le droit à l'IVG08/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Pour le droit à l'IVG

À l'occasion des fêtes de Noël, Maria do Ceu Ribeiro, une sage-femme portugaise incarcérée depuis janvier 2000 et condamnée à huit ans de prison ferme pour avoir pratiqué des avortements, a été graciée et devrait donc recouvrer la liberté.

C'est qu'au Portugal, tout comme en Irlande et en Pologne pour ne citer que des pays européens, géographiquement proches, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est toujours considérée comme un crime et donc à ce titre passible de peines de prison. Le poids de l'Église catholique y est encore tel que l'État dénie aux femmes cette liberté la plus élémentaire de choisir si elles veulent ou non avoir un enfant. Au Portugal comme en Pologne, l'IVG n'est autorisée qu'en cas de danger pour la santé de la mère, de malformation génétique de l'enfant ou de viol. Et, même dans ce dernier cas, elle est interdite en Irlande... Moyennant quoi, dans ces pays, des dizaines de milliers de femmes sont contraintes chaque année de recourir à des avortements clandestins, dans des conditions sanitaires effroyables pour celles qui, les plus démunies, n'ont pas les moyens de s'offrir le voyage vers les pays où l'IVG est légalisée ou dépénalisée. Car aucune législation, aussi restrictive soit-elle, ne peut empêcher une femme qui l'a décidé de mettre fin à une grossesse qu'elle ne désire pas.

Il y a tout juste trente ans, en France, l'avortement tombait encore théoriquement sous le coup de la loi de 1920 qui punissait de lourdes peines de prison et de fortes amendes celles qui avortaient et ceux et celles qui les y aidaient. Et pourtant, selon les chiffres donnés par le ministère de la Justice lui-même, mille femmes avortaient clandestinement... chaque jour! Elles le faisaient dans des conditions abominables, avec toutes sortes de breuvages, de manipulations et autres queues de persil pour les plus pauvres (au cours de l'année 1974, trois cents femmes succombèrent des suites d'un avortement...) et grâce à l'aide d'amis médecins ou en se rendant dans un autre pays pour les mieux loties. Dans ce contexte d'hypocrisie notoire, il fallut qu'en 1971 trois cent quarante-trois femmes, dont des personnalités célèbres, des artistes, des écrivains, publient un manifeste où elles affirmaient publiquement avoir avorté, puis que quelques mois plus tard trois cents médecins déclarent avoir pratiqué des avortements pour que finalement, en 1975, la loi de 1920, complètement caduque dans les faits, soit abolie et que l'IVG soit légalisée.

L'hypocrisie imposée par un ordre moral catholique d'un autre âge doit être combattue. Toutes les femmes doivent pouvoir décider seules de ce qu'elles font de leur grossesse. Et quand elles décident de l'interrompre, elles doivent pouvoir le faire dans les meilleures conditions sanitaires possibles.

Partager