Les bons voeux de Chirac aux licencieurs08/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les bons voeux de Chirac aux licencieurs

Chirac a annoncé dans ses voeux de nouvel an une "loi de mobilisation pour l'emploi". Au même moment prenaient effet les mesures privant 180000 chômeurs de l'indemnité que leur versaient jusque-là les Assedic. Sous couvert de lutte contre le chômage, la guerre contre l'ensemble de la classe ouvrière que mène le gouvernement ne connaît pas de trêve. Les quelques mots précisant -si l'on ose le dire- le contenu de la future loi le montrent.

Comme nouveauté, Chirac a annoncé la suppression progressive de la taxe professionnelle, au nom du mensonge, répété depuis vingt ans que pour permettre aux entreprises d'embaucher il faudrait commencer par baisser leurs charges."Se mobiliser pour l'emploi, c'est permettre aux entreprises de donner leur pleine mesure", a affirmé Chirac. C'est ce que leurs patrons ont fait au long de l'année écoulée et des années précédentes en licenciant à tour de bras. Il y a actuellement 140000 chômeurs de plus qu'il y a un an. 2003 a été marquée par une longue liste de fermeture d'usines: Métaleurop, Daewoo, Arcelor, Matra dont on a entendu parler, mais aussi des centaines d'autres dont les travailleurs ont été jetés à la rue, sans que l'opinion en soit informée. Pour 2004, les grands groupes ont annoncé qu'il en irait de même. Alstom, Aventis, Alcatel, Arcelor et leurs semblables ont en cours des plans de réduction d'effectifs qui s'étendent sur plusieurs années. Et Chirac n'a nullement l'intention de les brider. Le haut fonctionnaire qu'il a nommé pour coordonner l'action de l'État en la matière fait ce constat sans état d'âme apparent: "Les restructurations, dit-il, n'ont pas de raison de s'arrêter. Elles pourraient même s'accélérer dans certains secteurs". Le ministère du Travail a enregistré que les dizaines de milliers d'emplois supprimés dans l'industrie sont loin d'être compensés par ceux créés dans le secteur des services. Emplois qui sont souvent des emplois précaires.

Autant dire que s'il n'en tient qu'à Chirac, les licencieurs ont encore de beaux jours devant eux. Ce n'est pas contre eux qu'il appelle à la riposte.

Contre les travailleurs, la loi sur l'emploi aura pour objectif "d'alléger les procédures inutiles et les charges excessives", deux vieilles lunes chères au Medef de Seillière. Quelques pas de plus sont à prévoir dans le démantèlement des protections que le code du travail peut encore offrir aux salariés. L'instauration du "contrat de mission", ce CDD de longue durée que François Fillon se propose de mettre en place pour le substituer peu à peu au CDI, en est sans doute un avant-goût. De l'autre côté, les allégements de charges patronales vont continuer. Le patronat a pourtant montré, en 2003 comme depuis des décennies, son absence de volonté de créer des emplois quels que soient les avantages fiscaux ou autres qui lui étaient concédés. Ainsi le chômage des jeunes a augmenté cette année, alors même qu'était mis en place le "Contrat Jeune en Entreprise" qui exonère totalement l'employeur de charges les deux premières années et de 50% pour la troisième. Cette mesure a permis aux patrons de dépenser moins pour l'embauche de salariés dont il avait de toute façon besoin.

Plus de précarité pour les travailleurs, plus de profits pour les patrons, Chirac garde le cap en 2004 comme en 2003.

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