La situation des chômeurs : Des ressources misérables encore réduites08/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La situation des chômeurs : Des ressources misérables encore réduites

Alors qu'il ne se passe pas de jour sans qu'un nouveau plan de licenciements soit rendu public, les travailleurs licenciés se retrouvent dans une situation de plus en plus dramatique. Pour répondre à la campagne indigne du gouvernement qui revient à rendre les chômeurs responsables de leur situation, il faut d'abord rappeler qu'un tiers des chômeurs indemnisés ont été victimes d'un licenciement économique. Mais combien de centaines de milliers d'autres licenciements, dits individuels, ne sont pour les patrons qu'un moyen détourné de se débarrasser de leurs employés, sans s'embarrasser des quelques droits et contraintes financières imposés pour les licenciements économiques?

La presse s'est fait l'écho des centaines de milliers de chômeurs indemnisés depuis plus d'un an qui allaient voir leurs droits initiaux diminués à partir du 1er janvier. L'Unedic avance le chiffre de plus de 600000 allocataires au total qui en seront victimes dans les mois à venir.

En fait, c'est depuis le 1er janvier 2003 que tous les nouveaux chômeurs ont vu les durées d'indemnisation fortement réduites. Cela fait suite à la mise en place, avec l'aval du gouvernement, de l'accord signé en décembre 2002 par le patronat et une partie des syndicats, dont la CFDT qui dirigeait l'Unedic, l'organisme qui coiffe les Assedic. En revanche, pour ceux qui étaient déjà des chômeurs indemnisés par les Assedic, l'entrée en application de l'accord avait été différée d'un an, jusqu'au 1er janvier 2004.

Aujourd'hui, la réduction de la durée maximale d'indemnisation de 30 à 23 mois s'applique à tous les demandeurs d'emploi licenciés de moins de cinquante ans.

Pour les chômeurs les plus âgés la situation a pris un tour encore plus dramatique. Ceux qui avaient plus de cinquante ans lors du début de leur indemnisation verront la durée de celle-ci ramenée de 45 à 36 mois. Pour ceux de 55 et 56 ans, elle passera de 60 à 36 mois ; et enfin pour ceux de 57 ans et plus la durée maximum d'indemnisation passera de 60 à 42 mois. Et encore faut-il avoir travaillé de façon quasi continue dans la période précédant le licenciement.

Quant à l'Allocation spécifique de solidarité (l'ASS) touchée par les chômeurs qui ont épuisé leur droit à l'assurance chômage, elle pouvait être perçue jusqu'ici sans limitation de durée, permettant aux chômeurs âgés de toucher un minimum jusqu'à leur retraite.

Mais, à partir du 1er janvier, ceux qui épuisent leur droit à l'assurance chômage ne pourront toucher l'ASS que pendant deux ans maximum. Ceux qui étaient déjà allocataires de l'ASS avant le 1er janvier pourront la toucher pendant trois ans et, s'ils ont plus de 55 ans, ils échappent aux nouvelles dispositions.

Cette mesure a soulevé un tollé après lequel le gouvernement en a simplement reporté la mise en oeuvre au 1er juillet... 2004.

Les chômeurs les plus âgés se voient une nouvelle fois les plus attaqués. Un demandeur d'emploi indemnisé de 50 ans et plus ne sera plus dispensé de rechercher un emploi en percevant l'ASS. Mais surtout, les titulaires de l'ASS dont le montant passait de 406,8 euros (2668,43 francs) à 584,10 euros (3831, 44 francs) dès qu'ils avaient 55 ans doivent désormais renoncer à cette majoration. Dorénavant tous les allocataires sont ramenés au taux minimum quel que soit leur âge. Cela représente une baisse de 30,35% du montant de l'allocation des chômeurs concernés.

Le comble, c'est que le gouvernement sait bien que pour une bonne part les quelque 400000 allocataires de l'ASS, à la suite de ces décisions, se trouveront en fait privés d'un coup de toutes ressources, car beaucoup ne pourront même pas toucher le RMI. En effet, au contraire de l'ASS, pour toucher le RMI il faut ne pas être propriétaire de sa maison ou de son appartement et ce sont les revenus totaux disponibles dans le foyer qui sont pris en compte pour l'ouverture des droits.

Et puis pour couronner le tout, il faut savoir que si les indemnités chômage et l'allocation spécifique de solidarité permettent de valider des droits à la retraite, ce n'est pas le cas du RMI ou du RMA. C'est dire que la réduction tant de la durée des indemnités de chômage que de l'ASS porte un coup supplémentaire.

Les femmes, les travailleurs immigrés, les anciens chômeurs, tous ceux à qui il manque des trimestres pour pouvoir entrer en retraite à taux plein vont être les doubles victimes de cette opération. Du coup non seulement les chômeurs verront leur indemnisation supprimée de façon anticipée, mais ils seront sanctionnés sur le montant de leur pension de retraite à venir, diminuée encore à l'heure actuelle de 10% pour chaque année manquante, et cela pour toute la fin de leur vie.

Cette réduction massive des droits des chômeurs va évidemment servir aux patrons de moyen de chantage pour tenter de faire accepter à l'ensemble du monde du travail, bas salaires et conditions de travail déplorables

Pour bien illustrer le caractère indigne de cette dernière mesure sur l'ASS, il faut se rappeler ce que le gouvernement a décidé d'accorder aux plus riches dans la même loi de finance, à l'automne dernier. Dorénavant le plafond maximum de réduction d'impôt accordé à ceux qui peuvent se payer une bonne à la maison passe de 7400 euros à 10000 euros. On peut dire en somme que pour financer un cadeau de 2600 euros, soit 17055 francs, à chaque foyer fiscal, pour tous les bourgeois, grands et petits, le gouvernement n'hésite pas à pousser vers la misère totale des centaines de milliers de chômeurs.

Ce n'est pas contre le chômage que le gouvernement lutte comme il le prétend, mais bien contre les chômeurs et l'ensemble du monde du travail.

Partager