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- Lutte ouvrière n°2969
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Vignes de Champagne : des traitements inhumains
Jeudi 19 juin s’est tenu au tribunal correctionnel de Châlons-en- Champagne un procès pour traite d’êtres humains. Les victimes sont une cinquantaine de vendangeurs, souvent sans papiers, et les accusés la gérante d’Anavim, une société de prestations viticoles, et deux hommes présentés comme ses recruteurs de main-d’œuvre.
Les 57 vendangeurs, venus de différents pays africains, étaient hébergés dans un bâtiment abandonné, sur des matelas de fortune ; les sanitaires, les toilettes étaient dans un état répugnant ; les installations électriques, dangereuses ; ils manquaient de nourriture et d’eau. Pour des journées de travail d’au minimum dix heures, ils n’avaient droit qu’à une pause-déjeuner de 30 minutes et à un salaire de misère. Ils ont eux-mêmes déclaré avoir été traités « comme des esclaves ». En septembre 2023, c’est un contrôle réalisé par l’inspection du travail qui avait finalement fait fermer cet hébergement.
Le tribunal a requis quatre ans de prison, dont deux ferme, pour la gérante et trois ans dont un ferme contre les recruteurs ainsi que la dissolution d’Anavim et une amende de 200 000 euros pour une coopérative agricole ayant profité de ses prestations très bon marché.
Il a fallu presque deux ans pour que ce procès se tienne, sans qu’on sache ce qu’il en résultera pour les victimes. Quant à l’effet dissuasif sur d’autres margoulins, de petits trafiquants prêts à exploiter la misère de plus pauvres qu’eux, on peut en douter tant ces trafics sont le fruit de tout le système.
Le Comité Champagne, qui représente des milliers de vignerons, plus de cent coopératives et surtout les 370 maisons de champagne qui tiennent le haut du pavé, s’était porté partie civile « pour mettre fin à ces faits ». Bel exemple de conscience tardive !
En réalité, à moins d’un scandale, dans les vignes comme ailleurs, grosses fortunes et autorités ferment les yeux sur les abus dès qu’il s’agit de travailleurs vulnérables, voire sans papiers… indispensables à l’économie.