Michelin – Cholet : 55 ans d’exploitation25/06/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/06/P11-1_Michelin_manif_Clt_Fd_4_f%C3%A9v_2025_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin – Cholet : 55 ans d’exploitation

L’usine Michelin de Cholet est sur le point de fermer : les derniers pneus ont été produits, et les derniers mélanges de gomme vont suivre bientôt.

Illustration - Michelin – Cholet : 55 ans d’exploitation

Sur 955 salariés, 82 sont en partance vers d’autres usines du groupe, où ils espèrent ne pas connaître un nouveau « plan social », et 167 ont trouvé un CDI ailleurs, souvent pour un salaire inférieur. Quant à la majorité des travailleurs, ils vont être licenciés par centaines en juillet et par dizaines en novembre, quand fermera l’atelier gomme. Parmi eux, certains vont démarrer une formation ou essayer de monter leur petite entreprise, d’autres partir à la recherche d’un emploi, avec ce que cela suppose d’inquiétude.

Et il y a les 117 préretraités, qui ne savent pas encore ce que Michelin va leur demander de faire pendant le premier tiers du temps qui les sépare de la retraite, où ils sont censés travailler et garder leur salaire. Au bout de ce tiers-temps, la période de dispense d’activité sera rémunérée à 75 %, ce qui fera une grosse perte avant même de toucher sa pension. Mais puisque l’usine ne produit plus, Michelin n’aura pas besoin d’eux longtemps et beaucoup se disent que la direction va vouloir arrêter leur tiers-temps, donc leur faire perdre de l’argent plus tôt. Ce serait un sale coup de plus, qu’ils sont nombreux à ne pas vouloir laisser passer sans répondre.

Cela n’empêche pas la direction de jouer au patron social et humaniste : elle organise une exposition sur l’histoire de l’usine, « 55 ans d’une histoire humaine », autour du dernier pneu produit, et invite les salariés à y partager leurs bons souvenirs sur ces années d’exploitation. Accidents, épaules ou dos en vrac, licenciements pour inaptitude, semaines du matin de 48 heures, horaires en 3 × 8 voire en 4 × 8, noir de carbone qui ne part pas à la douche... les souvenirs des travailleurs ne manquent pas, loin du discours ripoliné de Michelin. Alors ils ne vont pas se bousculer pour un pot de départ avec le directeur et la DRH qui, depuis des mois, les poussent vers la sortie avec la complicité de l’État.

Dans le camp d’en face, les travailleurs réunis autour du comité de lutte, qui ont fait vivre la mobilisation contre les licenciements à partir de novembre 2024, préparaient un barbecue devant l’usine pour le samedi 5 juillet. Ils ne verseront pas de larmes sur ce fameux dernier pneu qui émeut tant la direction : comme il est écrit dans le tract du comité distribué les 24 et 25 juin, c’est « la camaraderie au boulot et pendant la bagarre » qu’ils célébreront !

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