Nos lecteurs écrivent : valides ou non, c’est l’exploitation25/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2969-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent : valides ou non, c’est l’exploitation

Nous travaillons dans un Esat (établissement ou service d’aide par le travail) dans le Nord. En théorie, ce sont des « établissements médico-sociaux qui offrent aux personnes handicapées des activités professionnelles et un soutien éducatif ». Nous n’avons pas les mêmes droits ni le même salaire que des travailleurs valides, mais, la plupart du temps, nous avons par contre le droit d’être traités… exactement comme n’importe quel travailleur exploité par un patron, avec une dose de mépris en plus.

Nous faisons entre autres du conditionnement d’articles pour des clients comme Décathlon, Norauto, Vuitton, etc., c’est-à-dire la galaxie de la grande famille bourgeoise Mulliez, qui se vante sûrement de faire une « bonne action » en travaillant avec un Esat. Nous travaillons aussi pour des fournisseurs de grandes marques de luxe comme Longchamp, Hermès ou Goyard.

Pendant des années, nous avons dû réclamer des chaises adaptées… pendant que plusieurs bureaux de moniteurs (nos « chefs ») étaient refaits à neuf. Et, quand les fauteuils sont arrivés… ils étaient trop hauts et les tables ont dû être rehaussées avec des cales en bois !

Quand des clients visitent les ateliers, ils ont droit à un grand nettoyage, et aux petits fours avant de venir… nous regarder travailler. Régulièrement, on nous met la pression pour qu’on tienne nos « objectifs » de production pour contenter ces messieurs- dames. Quand nos responsables nous présentent leurs résultats financiers, ils nous demandent de nous en réjouir… comme si cela changeait quoi que ce soit, vu que nos maigres salaires sont payés dans leur plus grande partie par l’État. Même si l’on peut cumuler en partie l’AAH (allocation adulte handicapé) avec le salaire et la prime-emploi, on n’arrive même pas au niveau du smic mensuel ! Mais on ne cesse de nous faire sentir qu’on doit être « bien reconnaissants » d’avoir du travail, que c’est une question de dignité !

Et quand on ose se plaindre, protester, qu’on ne se plie pas à leurs comportements, on est mis à part, séparé si l’on forme un groupe solidaire, voire harcelé. C’est ce qui est arrivé à l’un d’entre nous récemment, mis sous pression par une responsable, couverte par la direction, qui l’a poussé à bout pendant des mois, jusqu’à ce qu’il craque.

Travailleur handicapé ou valide, on a finalement les mêmes problèmes, et les mêmes intérêts à défendre !

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