Militants condamnés : l’arbitraire de l’État27/12/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/12/2891.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Militants condamnés : l’arbitraire de l’État

Le 8 décembre 2020, sept personnes plus ou moins liées aux mouvances libertaires étaient interpellées suite à une enquête de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) prétendant qu’il s’agissait d’un réseau terroriste. Trois ans plus tard, elles viennent d’être condamnées.

Deux ans de prison avec sursis est la peine la plus légère, cinq ans dont deux et demi avec sursis probatoire est la plus lourde, alors que le dossier rendu public par le jugement ne contient quasiment rien.

Le principal accusé, un homme de 39 ans, a subi seize mois de détention préventive à l’isolement. Après un mois de grève de la faim, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire. Les services secrets l’avaient mis sur écoute et filé parce que, pendant neuf mois en 2017, il avait fait partie des milices kurdes laïques, les YPG, qui combattaient contre Daech en Syrie. Pour répondre à l’accusation de terrorisme, il a d’ailleurs déclaré devant le juge : « J’ai combattu les terroristes de Daech. Je me sens insulté d’être ici. »

Un journaliste du quotidien Le Monde, dont la rédaction peut difficilement être soupçonnée d’avoir des penchants libertaires, a suivi cette affaire depuis des années. Et il la décrit de bout en bout comme sans fondement. Pour condamner ce prétendu groupe, qui n’a jamais eu de nom, dont les membres ne se connaissaient même pas tous, le tribunal s’est appuyé sur des éléments dérisoires : trois parties d’« airsoft », une sorte de jeu de rôle avec des armes factices tirant des billes en plastique, ont été présentées comme un entraînement à la lutte armée, de même qu’un journal personnel d’un des accusés qui décrit son quotidien et, entre autres, son goût pour l’airsoft.

La condamnation finale apparaît en réalité comme une manière de cautionner et justifier après coup l’acharnement de la DGSI. Elle montre que l’« État de droit » n’est qu’un vernis qui masque l’arbitraire.

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