Grande distribution : grande restructuration27/12/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/12/2891.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grande distribution : grande restructuration

« Nous avons pour ambition de grandir et de créer des emplois, notamment dans les emplois de proximité ». Voilà ce que promettait il y a un an le milliardaire Kretinsky, avant de reprendre le groupe Casino.

À peine quelques mois plus tard, il cédait 180 magasins Casino à Intermarché, puis le reste des hypers et supermarchés à Auchan et Intermarché, laissant 25 000 salariés dans l’incertitude sur leur sort. La menace sur les emplois dans les magasins, les entrepôts et les différents sièges sociaux du groupe, à commencer par celui de Saint-Étienne, est en effet bien réelle. Et tout cela pour que les actionnaires des vendeurs ou des repreneurs, puissent continuer à s’enrichir.

Les restructurations ne concernent pas que Casino et ne datent pas de cette année. En 2019, dix hypers Auchan ont été vendus, onze fermés et les travailleurs licenciés. Interrogé par la presse, un membre de la direction avait alors répondu que l’objectif d’Auchan était de « gagner en agilité ». Cette « agilité » patronale lui a permis de supprimer dans la foulée 450 emplois dans le service international, en décidant de se débarrasser de ses magasins en Chine, au Vietnam et en Italie. En janvier 2020, 677 salariés, soit 16 % des effectifs du siège d’Auchan, étaient poussés à partir dans le cadre d’un plan de départs dits volontaires. Huit mois plus tard, la direction supprimait 1 475 emplois dans différents services et c’est comme par hasard à ce moment-là qu’elle imposait la polyvalence aux travailleurs restant dans les magasins.

Chez Cora, juste avant son rachat par Carrefour, 1 077 emplois ont été supprimés dans les hypers. À Carrefour, plus de 50 % des 253 hypers et 1 043 supermarchés sont passés en location-gérance. Cette mesure vise à sortir les salariés des effectifs du groupe, en leur faisant perdre au passage autour de 2 300 euros par an et à gagner plus d’argent sur la gestion des magasins. Au total, avec plus de 10 000 nouveaux emplois supprimés, ce sont des dizaines de milliers de salariés qui ont été rayés des effectifs. Alors que le nombre de magasins, essentiellement de proximité, est en augmentation constante, le nombre global de salariés de la distribution a connu, pour la première fois, une baisse en 2022, passant sous le seuil de 820 000 personnes. Fin mai 2023, on dénombrait 4 000 redressements et liquidations judiciaires ouvertes, menaçant près de 11 000 salariés. Dans le même temps, grâce à la hausse généralisée des prix et aussi à la baisse du nombre de salariés, les marges bénéficiaires sont en hausse dans toutes les chaînes de magasins.

Ce qui se passe aujourd’hui chez Casino, avec sa cohorte de candidats à la reprise, est aussi la démonstration que les exploiteurs sont interchangeables. Quelle que soit l’enseigne, les travailleurs ont à se défendre face à des capitalistes tout aussi rapaces les uns que les autres.

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