Endettement des entreprises : la gangrène ronge l’économie23/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2673.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Endettement des entreprises : la gangrène ronge l’économie

Le Fonds monétaire international (FMI) s’alarme, dans un rapport publié le 16 octobre, des niveaux d’endettement des entreprises à l’échelle du monde, concluant qu’ils représentent une bombe supplémentaire dans le panorama d’une économie mondiale en récession.

« Les entreprises baignent dans un océan de dettes », résumait déjà un chroniqueur du Monde en septembre dernier. Au premier trimestre 2019, la dette totale des entreprises à l’échelle mondiale, hors secteur financier, a augmenté de 20 points en vingt ans, pour atteindre 91,4 % du PIB mondial. Et de conclure : « En cas de ralentissement marqué de l’activité, dans le plus sombre des scénarios, 40 % de la dette des entreprises dans les huit plus grandes économies (…) seraient exposés à un risque de défaut, soit plus que le niveau observé durant la dernière crise financière. » Pour dire les choses clairement, un choc plus que prévisible de l’économie mondiale ouvrirait sur des faillites en cascade.

Les données transmises par le FMI sont contrastées, suivant que l’on parle de la Chine où le taux d’endettement des entreprises industrielles est estimé à 150 % du PIB, des États-Unis où il est annoncé à 75 %, ou de la France avec un pic à 143 %. Mais en ajoutant la dette des États et des ménages, le tableau est bien celui d’un volcan prêt à exploser.

Depuis la crise financière de 2008, les entreprises profitent du crédit quasi gratuit garanti par les banques centrales et les gouvernements pour emprunter, et elles ne se gênent pas pour le faire, même quand leurs coffres débordent déjà de liquidités. Ainsi, Apple, dont on dit qu’il a 200 milliards de trésorerie, a emprunté 7 milliards début septembre. La même semaine, c’est au total 74 milliards de dollars qui avaient été empruntés entre autres par Coca Cola ou Disney. Les grandes entreprises empruntent pour racheter leurs propres actions et garantir des dividendes alléchants aux actionnaires ; elles empruntent pour mener des opérations de rachats et de fusions. Mais elle n’empruntent pas pour investir dans la production, ou à un niveau infime en comparaison des moyens financiers disponibles.

Pour la constellation des petites et moyennes entreprises, les économistes ont inventé avec cynisme le terme d’entreprises zombies quand leurs comptes sont plombés par les dettes et qu’elles ne doivent leur survie qu’aux taux d’intérêts bas. Comme dans les films d’horreur, la hache finira par s’abattre, la seule incertitude reste où et quand, et c’est valable en fait pour ce château de cartes qu’est devenu le capitalisme aujourd’hui.

Si le FMI, ou des chroniqueurs de la presse économique, sont parfaitement capables de poser les bons diagnostics et de tirer le signal d’alarme, ils sont en revanche impuissants à trouver un quelconque remède. Celui-ci ne pourra venir que d’une révolution sociale.

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