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ADMR Puy-de-Dôme : les auxiliaires de vie relèvent la tête
Les auxiliaires de vie de l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural) de La Roche-Blanche, dans le Puy-de-Dôme, ont profité de la journée de mobilisation dans les hôpitaux et les Ehpad pour faire grève et manifester à Riom. L’association de l’ADMR compte plus de 90 000 travailleurs répartis à quelques dizaines par localité sur toute la France. À La Roche-Blanche, elles sont douze pour trente employés au total, et pour la deuxième fois, dix à se mettre en grève.
Si leurs missions sont à caractère social et nécessitent un diplôme d’État, en réalité, faute de personnel médical ou spécialisé suffisant, elles assument bien d’autres fonctions sans que celles-ci soient jamais reconnues. « Nous faisons le travail d’infirmière, de psychologue, de coiffeur, de pédicure, d’assistante sociale…Mais nous ne sommes rien ! » Leur direction peut aussi leur imposer de faire tout simplement des ménages chez des personnes nullement dépendantes, alors que le temps passé auprès de ces dernières leur est compté ! Il s’agit de faire rentrer de l’argent dans les caisses.
Auprès de personnes âgées, malades ou isolées, elles deviennent le seul contact avec la société. Même les médecins, parfois, se contentent d’envoyer les prescriptions. Ont-elles besoin de matériel adapté pour ces personnes, l’obtenir est un parcours du combattant. La direction locale n’organise même pas les réunions de coordination qui sont pourtant obligatoires. Si elles ont un problème avec des patients en dehors des heures de bureau ou les week-ends, elles doivent se débrouiller seules.
Les plannings d’intervention leur sont imposés. Il n’est tenu compte ni de leur disponibilité, ni de leurs propres problèmes. Les restrictions médicales ne sont pas respectées. Beaucoup d’entre elles ont des troubles musculo-squelettiques (TMS), certaines sont mises en indisponibilité par le médecin du travail, d’autres démissionnent au bout de quelques mois. Les amplitudes de journée peuvent être de 12 heures. Les heures supplémentaires ne sont jamais comptées ni payées. Les jours de congé supplémentaire pour les remplacements d’urgence ne sont jamais accordés. « Notre voiture, notre téléphone, tout comme notre temps sont à la disposition de l’ADMR » ; aussi disent-elles : « On doit prêter notre mari à la voisine et mettre nos enfants au congélateur pour satisfaire l’ADMR ! »
Quant aux salaires, leur grille n’est même pas indexée sur le smic. De nombreuses filles sont payées en dessous du smic. Une employée à temps partiel à 130 heures par mois touche un fixe de 900 euros. S’y ajoutent les indemnités kilométriques (les mêmes depuis onze ans !) de 0,35 euro du kilomètre, et malgré cette somme ridicule, rarement complètement comptées. Quant au temps passé sur la route entre deux missions, 60 kilomètres au compteur sont estimés à une heure de travail, à la ville ou à la campagne. Ce sont une à deux heures de travail par semaine non payées qu’elles passent sur la route. Avec dix ans d’ancienneté une auxiliaire de vie diplômée peut atteindre 11,20 euros de l’heure.
Aussi, s’organiser malgré la dispersion des lieux de travail, des horaires difficiles et une direction menaçante, c’est ce que les auxiliaires de vie ont tenté de faire pour se faire respecter, convaincues que c’est toutes ensemble qu’il faudra se manifester.