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Leur société
Retraites : le gouvernement joue la prudence
Alors qu’il avait annoncé par avance qu’il mènerait la démolition des retraites tambour battant, le gouvernement cherche désormais à temporiser.
Édouard Philippe se veut rassurant : « Je ne suis pas du tout le pied sur l’accélérateur », « on a beaucoup, beaucoup de temps encore », a-t-il lancé lors d’un débat sur les retraites. Ajoutant même que le système actuel « est et a été à bien des égards un bon système », « à peu près équilibré financièrement. » On en viendrait presque à se demander pourquoi il veut en changer. S’il maintient bien sa volonté de le transformer en système par points, et de remettre en cause les régimes dits « spéciaux », qu’on ne s’alarme pas ! Rien n’est tranché, tout sera négociable… La réforme pourrait même ne toucher que les nouveaux entrants sur le marché du travail, épargnant les salariés actuels. Elle ne serait donc pleinement appliquée que dans 45 ans.
Pas de quoi s’inquiéter donc, et se mobiliser ! Car ce qui inquiète le gouvernement, lui, ce sont les réactions du monde du travail. C’est même pour cela qu’il joue plus volontiers du pipeau que du bâton en ce moment.
Déjà, le mouvement des gilets jaunes avait obligé Macron à en rabattre au printemps dernier. La journée de grève très suivie des travailleurs de la RATP en septembre, peu de temps après l’annonce de la réforme, a eu l’effet d’un avertissement.
Elle est venue rappeler qu’il y a 24 ans, en novembre-décembre 1995, le gouvernement de l’époque avait été obligé de remballer sa réforme des retraites face à la mobilisation des travailleurs, dans les transports et au-delà.
Dans ce contexte, l’écho favorable rencontré chez les travailleurs par la date du 5 décembre l’oblige à redoubler de prudence. Appelée par plusieurs syndicats de la RATP et de la SNCF et reprise nationalement par la CGT, FO, Solidaires et la FSU, la journée de grève du 5 décembre pourrait marquer une étape dans la lutte contre l’attaque du gouvernement.
Et le fait que le gouvernement tente de désamorcer la colère ne peut être qu’un encouragement à la mobilisation pour tous les travailleurs.