Renault Cléon : le suicide de deux travailleurs et les responsabilités de la direction16/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2459.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Cléon : le suicide de deux travailleurs et les responsabilités de la direction

Durant les congés d’été, deux travailleurs de l’usine Renault de Cléon, près de Rouen, se sont suicidés à leur domicile. Ce n’est pas la première fois que cela se produit, les suicides de ces deux travailleurs faisant suite à d’autres qui ont eu lieu sur le site même. En avril 2013, un salarié âge de 35 ans s’était pendu sur son lieu de travail, un autre s’était également suicidé en janvier 2014 dans les mêmes conditions.

Sans être forcément la raison première de ces gestes fatals, la situation à l’usine, où l’exploitation s’est accrue, où les pressions de l’encadrement sont devenues souvent intolérables, aussi bien dans les ateliers que dans les bureaux, a été de façon indiscutable le facteur aggravant. Cela est incontestable pour de nombreux salariés.

L’un des travailleurs, qui s’est suicidé la veille du jour où il aurait dû revenir à l’usine, avait passé un BTS que la direction ne reconnaissait pas depuis des années. Il avait beau se démener, acceptant les heures supplémentaires, courant bien souvent pour faire la production et être « un bon travailleur » selon sa hiérarchie… elle ne lui donnait rien pour autant. Et il en souffrait.

Dans les ateliers, tous ressentent qu’ils ne sont plus que « de la chair à produire, à créer du profit ». Le travail est très souvent une simple suite d’opérations imposées, répétitives. À cela s’ajoute une pression constante de l’encadrement, qui supprime ou cherche à supprimer des postes de travail et qui exige la baisse des temps pour toutes les opérations. La direction utilise la précarité des salariés intérimaires et, de fait, augmente la pression sur les embauchés pour exiger toujours plus de production.

La moindre seconde « perdue pour la production » est considérée comme un drame. Au moindre écart, on est convoqué à un entretien dans le bureau du chef. Dans ces conditions, les relations humaines se dégradent. La direction combat les moindres solidarités au travail, en voulant faire croire que le dialogue individuel entre le salarié et le chef peut résoudre tous les problèmes « humains », peut améliorer les conditions de travail et même… augmenter le salaire. « Si vous avez des problèmes, venez me voir… ne faites pas appel aux délégués », dit la hiérarchie. Ceux qui s’y laissent prendre ne peuvent que s’en mordre les doigts.

Suite aux deux précédents suicides, qui avaient eu lieu dans l’usine même, la direction avait tout fait pour se dédouaner, parlant d’un manque de dialogue et proposant des petits-déjeuners-croissants de temps en temps. Cela a été vu de la part des travailleurs comme une réelle provocation. Elle a aussi mis en place une commission paritaire pour associer certains syndicalistes à sa politique !

Compétition entre les salariés, entre les équipes, entre les usines, dénigrement des militants se sont accrus ces dernières années. Par de multiples moyens, la direction tente de créer une ambiance pourrie. Harcèlement, stress, pressions, humiliations sont la réalité quotidienne à l’usine de Cléon. Elle éclaire ce qui peut conduire des camarades de travail à commettre l’irréparable.

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