CDI intérimaires : le beurre et l’argent du beurre pour PSA16/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2459.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CDI intérimaires : le beurre et l’argent du beurre pour PSA

La direction de PSA s’est vantée lundi 14 septembre d’avoir conclu avec le groupe de travail temporaire Manpower un accord portant sur le recrutement de 300 CDI intérimaires. Un accord qui est évidemment tout bénéfice pour le patron.

CDI intérimaire, on pourrait croire à une mauvaise plaisanterie… Mais ce dispositif est bien réel : il émane d’un accord national signé entre le patronat et certains syndicats en juillet 2013. C’est l’entreprise de travail temporaire (ETT) qui embauche un salarié en CDI, puis le met à disposition d’une entreprise, comme un intérimaire. Pendant le temps de la mission, ce travailleur fait le même travail que n’importe quel embauché, mais sans bénéficier des droits des salariés de l’entreprise, de ses conventions collectives, etc. Pendant la période dite d’intermission, où le donneur d’ordres n’a plus besoin du salarié, celui-ci doit impérativement rester joignable et à disposition dans la demi-journée.

Pour les grandes entreprises comme PSA, c’est le statut rêvé : le CDI intérimaire est à disposition, qu’il travaille ou pas ; les périodes d’intermission sont rémunérées – au smic – par l’ETT ; et le dispositif évite qu’un intérimaire qui s’est formé sur un poste n’aille travailler ailleurs dans les périodes où l’employeur n’a pas besoin de lui. Cerise sur le gâteau : PSA, ou toute autre entreprise qui emploie un CDI intérimaire, n’a à payer ni ses formations ni ses congés, qui sont pris en charge par l’ETT.

Le travailleur intérimaire, en revanche, perd sur tous les tableaux : le salaire est plus bas, puisque la prime de précarité disparaît ; et dans les périodes d’intermission, il doit rester les yeux rivés sur son téléphone, sans pouvoir accepter d’autres missions peut-être plus intéressantes.

Mais tout cela n’était pas encore assez pour les patrons : lorsque ce dispositif a été intégré dans la loi sur le « dialogue social » (la loi Rebsamen), l’été dernier, le Medef a exigé qu’il soit encore durci. Le gouvernement s’est exécuté. La durée maximale d’une mission chez le même employeur a été portée à trois ans (contre 18 mois auparavant) et le délai de carence entre deux missions tout bonnement supprimé.

Les CDI intérimaires embauchés chez Peugeot sont donc à disposition du patron pendant trois ans, travaillent quand cela arrange celui-ci, et, le reste du temps, demeurent à disposition… payés par l’agence d’intérim.

Les CDI intérimaires doivent être embauchés par PSA, comme tous les autres milliers d’intérimaires employés par le groupe !

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