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Kenya : Obama s’accommode du régime
En tournée en Afrique, Obama a fustigé au Kenya la corruption, le tribalisme et les discriminations contre les homosexuels en présence de dirigeants kényans.
Or le président et le vice-président du Kenya ont été impliqués dans les violences interethniques à l’issue des élections présidentielles de 2007. Elles avaient fait plus de mille morts. Le vice-président William Ruto est, lui, soupçonné dans plusieurs affaires de corruption et s’est illustré en mai dernier en déclarant qu’ « il n’y a pas de place pour l’homosexualité dans ce pays », encourageant les autorités religieuses, particulièrement virulentes sur cette question. Et ce sont ces mêmes autorités civiles et religieuses qui s’accommodent de la pratique largement répandue de l’excision des jeunes fille, voire la justifient.
Mais ce n’est pas pour changer quoi que ce soit dans ce pays qu’Obama a fait le déplacement. Le but de sa visite a été de s’assurer de l’appui d’États africains dans la lutte qui oppose les États-Unis aux groupes djihadistes et, par la même occasion, de nouer plus solidement les liens économiques.
Obama ose affirmer qu’en Afrique, « les gens sortent de la pauvreté ». Au Kenya, l’évolution de la situation économique bénéficie essentiellement à une mince couche de privilégiés, comme en témoigne la réouverture du centre commercial de Westgate à Nairobi, deux ans après l’attentat meurtrier de 2013. La moitié des Kényans vivent avec moins de deux dollars par jour ; la majorité de la population vit soit dans des villages pauvres, soit dans des bidonvilles, au milieu des immondices. Les maigres revenus de la population pauvre sont mangés par la hausse des prix. D’ailleurs, pour ne pas offenser le regard d’Obama, mendiants et vendeurs de rue avaient été expulsés des lieux de passage du cortège officiel.
Le président du Kenya a déclaré pour sa part que « l’Afrique est prête pour les affaires ». Les capitalistes des États-Unis le sont tout autant. Pour faciliter les échanges commerciaux, Obama a prévu de s’adresser au Congrès mondial de l’entreprenariat qui se tient, coïncidence, pour la première fois en Afrique. Des contrats avec le Kenya, concernant les nouvelles technologies et le tourisme, sont en perspective.
Obama enfin confirme l’aide militaire des États-Unis au Kenya, dont l’armée est partie prenante de la force de l’Union africaine engagée en Somalie contre les Chabab, groupes liés à al-Qaida.
Sous son habit de démocrate et défenseur des droits de l’homme, Obama reste le représentant de l’impérialisme le plus puissant, qui s’appuie sur les pires régimes pour maintenir les pauvres d’Afrique dans une soumission propice aux affaires.