Grèce : les huissiers de l’ex-Troïka durcissent leurs exigences29/07/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/07/p12002.jpg.420x236_q85_box-0%2C616%2C2430%2C1982_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : les huissiers de l’ex-Troïka durcissent leurs exigences

Le 28 juillet à Athènes, les représentants des institutions européennes – la Commission européenne, le FMI, la BCE, appelés encore récemment la Troïka, ainsi que le Mécanisme européen de stabilité – ont commencé à négocier avec le gouvernement grec le nouveau programme dit d’aide au pays et la finalisation des accords conclus le 13 juillet. L’enjeu est la signature d’un nouveau prêt qui pourrait atteindre 86 milliards d’euros, la Grèce étant censée rembourser plus de 3 milliards à la BCE le 20 août, puis 1,5 milliard au FMI en septembre.

Illustration - les huissiers de l’ex-Troïka durcissent leurs exigences

En fait de négociations, les représentants européens intensifient la pression sur le gouvernement Tsipras afin que celui-ci accepte de mettre en œuvre des « réformes » supplémentaires. Il s’agirait de « réformer » le droit du travail, de légiférer selon les « bonnes pratiques européennes » en matière de licenciements collectifs et d’encadrement des grèves, de continuer à bloquer le salaire minimum et de réduire encore les effectifs de la fonction publique, autrement dit de nouvelles attaques contre les conditions de vie de la population grecque.

Cette aggravation de sa situation, la population grecque n’en veut pas, à juste titre. C’est ce qu’elle avait dit en votant majoritairement pour Syriza, le parti de Tsipras, après huit plans d’austérité successifs. Ces plans étaient destinés à lui faire rembourser une dette que non seulement elle n’avait pas contractée, mais qui avait enrichi les banques européennes et en particulier les banques françaises. Leur refus de l’austérité, que le nouveau gouvernement, malgré ses promesses, a continué à leur imposer, les travailleurs grecs l’ont à nouveau signifié clairement en se prononçant à 61 % pour le non aux exigences des capitalistes européens, lors du référendum organisé par Tsipras le 5 juillet.

En refusant de plier devant les menaces des autorités européennes, la population grecque refusait également ce chantage à la dette. Le prêt d’urgence de 7,16 milliards d’euros, obtenu par Tsipras deux semaines après le référendum, en échange de nouvelles mesures d’austérité, a aussitôt été englouti en très grande partie en remboursements à la BCE et au FMI. Pour les salariés, les chômeurs, les retraités, la note est de plus en plus sévère : la TVA passe de 13 % à 23 % sur de nombreux produits alimentaires et d’hygiène avec en plus une accélération des procédures judiciaires pour ceux qui ne peuvent payer leur loyer et qui risquent d’être rapidement jetés à la rue. Les institutions européennes, en revanche, refusent toujours que soit augmenté le taux de l’impôt sur les sociétés.

Tsipras recule chaque fois un peu plus devant le rouleau compresseur de la bourgeoisie européenne, trahissant ses engagements, décevant ses partisans. Il a aussi déçu ceux qui, en votant pour lui, avaient espéré que la situation allait s’améliorer, ne serait-ce qu’un peu, matériellement mais aussi moralement. Il a de ce fait montré ses limites, et, au-delà, les limites du réformisme, face au pouvoir des financiers internationaux qui ne font pas de sentiments et ne s’embarrassent pas de formules vides et ronflantes.

Sous prétexte de « sauver » la Grèce, les représentants des capitalistes européens sont là pour affirmer, aux yeux des populations de tout le continent, qu’ils sont déterminés à continuer à faire croître les profits et la richesse des milliardaires.

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