- Accueil
- Lutte ouvrière n°2452
- Éleveurs : le système capitaliste en cause
Leur société
Éleveurs : le système capitaliste en cause
Même si la FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, le principal syndicat d’agriculteurs, a obtenu par endroits la levée des blocages, la colère des éleveurs est loin d’être calmée. Les 27 et 28 juillet, les barrages se sont à nouveau multipliés. Partout, on a pu entendre que les 600 millions débloqués par Hollande et Le Foll ne règlent rien de la crise. « On veut des prix, pas des aides », ont déclaré de nombreux manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes. Et le mouvement de colère s’est élargi à d’autres régions : Rhône-Alpes et Poitou-Charente, Pays-de-la-Loire, Alsace et Lorraine.
Comment ne pas comprendre la colère de producteurs agricoles endettés jusqu’au cou et qui sont, pour certains, au bord de la faillite : en trois ans, de 2010 à 2013, 39 000 exploitations, toutes activités confondues, ont disparu. Ce sont les producteurs de lait qui payent le prix fort, comme le dénonce un éleveur normand : « Nous étions 88 000 en 2009, nous sommes moins de 60 000 aujourd’hui. » Les disparitions de fermes et les concentrations de terres s’accentuent.
Car les terres bien sûr n’ont pas disparu, elles se concentrent entre les mains d’agriculteurs qui ont les moyens d’acheter et qui, pour les plus gros, se confondent avec le monde capitaliste industriel et financier. Tel est le cas par exemple de Xavier Beulin, le président de la FNSEA. À la fois céréalier et président du groupe Avril, qui se présente sur son site Internet comme numéro 1 en France de la production d’œufs avec la marque Matines, numéro 1 de la production d’huile avec Lesieur et Puget et numéro 1 de la nutrition animale, Xavier Beulin est un « paysan » qui, à la tête de son groupe, produit avant tout… des profits.
Les producteurs de viande et de lait qui se battent dénoncent les intermédiaires, certains gros abatteurs comme Bigard, les transformateurs et les distributeurs qui assurent leurs marges en ruinant beaucoup d’éleveurs et d’agriculteurs. Mais ces intermédiaires font aussi leurs profits aux frais des consommateurs, en exploitant durement les salariés qui travaillent dans les abattoirs, les usines et les magasins appartenant aux grandes enseignes de la distribution.
Et il y a fort à parier que, dans le plan d’urgence d’1,1 milliard d’euros annoncé, la plus grande partie aille encore une fois, par un biais ou par un autre, aux plus gros. Les producteurs de viande et de lait sont, comme l’ensemble du monde du travail, sous le joug de capitalistes, plus puissants qu’eux. Ce système inique ne profite qu’à une minorité de possédants alors que les richesses créées sont le fruit du travail des producteurs des campagnes et des villes et visent à satisfaire aux besoins essentiels de la collectivité.