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- Lutte ouvrière n°2452
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Leur société
Quand Rajoy fait rêver Hollande
D’après Hollande, l’Espagne serait un modèle dans la lutte contre le chômage. Le gouvernement espagnol se vante, en effet, d’avoir réussi à inverser la courbe du chômage. Sauf que, dans ce pays, le taux atteint toujours les 23 % de la population active, soit 4 210 000 chômeurs.
Mais à quoi le gouvernement espagnol doit-il donc ce léger mieux, bien relatif d’ailleurs ? Si le nombre de chômeurs a diminué de quelques dizaines de milliers au cours de ces derniers mois, cela tient, pour l’essentiel, à la multiplication des emplois saisonniers liés au tourisme, avec des contrats souvent de courte durée, parfois même fictifs, voire de quelques heures par semaine et très mal payés. C’est dû aussi à des emplois liés aux travaux agricoles, très mal payés eux aussi et physiquement très durs. À cela s’ajoutent des créations d’emplois temporaires liées à une légère reprise dans le bâtiment et les travaux publics, avec là encore de mauvaises conditions de travail et une précarité systématique.
Mais il y a surtout, comme raison essentielle de cette situation des salariés, la remise en cause depuis le début de la crise des droits que la classe ouvrière avait conquis et qu’elle croyait acquis.
Le patronat et les gouvernements de droite comme de gauche qui se sont succédé depuis cette crise ont imposé les licenciements facilités, les garanties sociales ont volé en éclats. Ils ont systématisé les CDD, les temps partiels à la place des emplois fixes. Les salaires ont été amputés.
Quand on nous montre en exemple l’Espagne, et son bilan en termes d’emplois, on oublie de rappeler combien cette progression est limitée, précaire, liée à un appauvrissement imposé et considérable de la population travailleuse.
C’est cette dégradation de la condition ouvrière qui fait rêver Hollande et les siens, et qui fait saliver le grand patronat en France.