Les résultats sont probants. Le PPE a perdu 16 % de ses voix par rapport à 2009, le PSOE baisse de 15 %. En revanche la coalition issue du PC, Izquierda Unida, fait un progrès spectaculaire et atteint les 10 %. Le nouveau parti « Podemos » qui se réclame du mouvement des Indignés a obtenu 1,2 million de voix et a cinq élus au Parlement européen.

Depuis plusieurs années, il y a en Espagne une agitation, des mouvements de protestations, une volonté exprimée de ne pas laisser faire. En mai 2011, le mouvement dit des Indignés se voulait apolitique. Néanmoins il a entraîné bien des jeunes et moins jeunes sur le terrain de la contestation. Il y a eu des luttes pour répondre collectivement aux saisies d'appartements. Il y a eu des grèves éparses mais fermes malgré la passivité des syndicats. Il y a eu d'amples manifestations concernant le refus des coupes dans les budgets publics, ou contre les privatisations dans la Santé. Il y a eu aussi le 22 mars, une grande manifestation à Madrid avec des cortèges de travailleurs, de petites gens, d'enseignants venus de toutes les régions.

Toutes ces mobilisations et tous ces combats n'ont pas changé le cours des choses, mais ont donné à beaucoup l'envie de dire tout haut ce qu'ils pensent et ce qu'ils condamnent. C'est cette volonté de ne pas se soumettre malgré les moments de découragement devant l'immobilisme des dirigeants politiques et la guerre de classe menée par le patronat, qui explique que des millions de voix se soient portées sur ceux qui ont pris le parti de contester.

Il est difficile de dire vers où ira cette aspiration. On connaît les retournements dont Izquierda Unida est capable quand il s'agit de faire alliance avec le PSOE. Les perspectives tracées par Podemos ne mettent pas au premier plan la défense des intérêts de la classe ouvrière et la nécessité de renforcer son rôle dans les luttes sociales et politiques.

Mais, parce que le résultat de ces élections bouscule le bon déroulement des coups portés au monde du travail, aux chômeurs, aux jeunes, il peut ouvrir une voie à ceux qui veulent changer la société pour peu que des militants conscients du rôle que peut jouer la classe ouvrière s'engagent à ses côtés.