En Europe28/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2391.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Après les élections européennes

En Europe

Avec des scores en progression, plusieurs partis de droite extrême et d'extrême droite sont sortis renforcés des élections européennes. S'ils sont unis par un discours nationaliste partagé, ces partis présentent bien des différences et iront d'ailleurs au Parlement européen en ordre dispersé. Dans la plupart des cas, il s'agit de partis de la droite parlementaire, en concurrence avec les partis conservateurs classiques.

En France, le FN fut fondé en 1972 par des militants d'extrême droite, des anciens de l'Algérie française comme Jean-Marie Le Pen, et des nostalgiques du régime de Vichy qui ne répugnaient pas aux méthodes musclées. Depuis, il a cherché à s'intégrer au jeu politique classique et à accéder à la mangeoire du pouvoir. Un parti comme Aube dorée, en Grèce, se réclame ouvertement d'Hitler. Son emblème ressemble à une croix gammée et ses militants au crâne rasé font le salut nazi, bras tendu, quand ils n'organisent pas des tabassages d'immigrés. Le parti Jobbik, en Hongrie, a aussi l'allure d'un parti fasciste : une milice qui parade en uniforme et dont les membres, armés, sont coutumiers de manoeuvres d'intimidation brutale à l'encontre des Roms.

Tous ont en commun de faire de la lutte contre les étrangers ou les minorités leur fonds de commerce électoral. Le néerlandais Wilders a promis de « s'occuper des Marocains » ; le britannique Farage s'en prend régulièrement aux Roumains ; la Ligue du Nord italienne, le FPÖ autrichien, le Parti populaire danois et le FN font également des étrangers des boucs-émissaires. Leur progression contribue donc à diviser le monde du travail. Elle influence les partis de gouvernement qui, pour ne pas être en reste, durcissent leur discours et leur politique à l'égard des étrangers, réclament des frontières plus étanches, etc.

La progression de ces partis d'extrême droite est certes à relativiser. D'une part, le scrutin est marqué par une abstention forte, en particulier dans les quartiers populaires : 57 % en moyenne, 64 % au Royaume-Uni, 71 % en Hongrie, 87 % en Slovaquie, etc. D'autre part, les élections européennes sont favorables aux forces souverainistes.

Bien qu'elle traduise des phénomènes divers et limités, cette progression simultanée n'en constitue pas moins une menace pour les travailleurs, en particulier quand ces formations y trouvent une partie de leur base électorale. Cette progression est une des conséquences politiques de la crise économique que traverse l'Europe depuis 2008. Elle se produit par défaut, sans qu'il y ait en face de partis qui contestent le système capitaliste sur le terrain de la lutte de la classe ouvrière. Une réaction d'ampleur du monde du travail saperait les bases de l'extrême droite, en montrant que les travailleurs peuvent se battre pour leurs propres intérêts, aux antipodes de la xénophobie de l'extrême droite. Aujourd'hui, aucune force politique significative ne lève ce drapeau. C'est pourtant la seule perspective, pour qui veut mettre un terme aux progrès de la réaction.

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