Italie : Un concours d'illusionnistes28/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2391.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Après les élections européennes

Italie : Un concours d'illusionnistes

Dans ces élections la concurrence était rude. Il y avait Matteo Renzi, secrétaire du Parti démocrate (PD), conglomérat de démocrates chrétiens et d'ex-communistes. Président du Conseil depuis trois mois, Renzi annonce chaque jour ou presque une nouvelle réforme et déclare que grâce à son action l'Italie va sortir de la crise.

Il y avait également le Mouvement cinq étoiles de l'ex-comique Beppe Grillo sorti vainqueur des législatives de l'an dernier, en mettant à profit le climat antipoliticiens ambiant. Les scandales se répètent alors que la crise s'approfondit, que le chômage et la misère augmentent, mais le patronat transalpin réussit à en rejeter la seule faute sur les politiques. Dans ce climat de désorientation générale, Grillo s'en prend aux politiques, aux fonctionnaires, aux syndicats et aux ouvriers qui les suivent, et enfin maintenant à l'Europe.

Sur ce terrain, on trouvait encore Berlusconi, chef de Forza Italia, condamné pour fraude fiscale, déchu de ses droits civiques et envoyé faire des travaux d'intérêt général dans un hospice près de Milan.

Mais sur le terrain de la démagogie, Renzi ne craint personne. Il a ajouté du concret aux discours en annonçant que, dès la fin mai, tous les travailleurs du bas de l'échelle auraient 80 euros de plus sur leur feuille de paye grâce aux déductions fiscales. Et qu'importe si ces 80 euros sont peu de chose comparés à tout ce que les travailleurs ont perdu du fait des politiques d'austérité, qu'importe aussi s'ils seront payés par de nouvelles restrictions budgétaires et suppressions de services publics. Renzi a pu les présenter comme l'amorce d'un changement.

Le résultat est là : le Parti démocrate sort vainqueur du scrutin du 25 mai, avec plus de 40 % des voix, et alors qu'il y a plus de 40 % d'abstentions. Grillo avec 21,15 % est en recul et Forza Italia, avec 16,81 % des voix, enregistre son plus mauvais résultat. La Ligue du Nord, elle aussi devenue anti-européenne et décidée à s'apparenter avec le Front national lepeniste, réussit à progresser un peu avec 6,5 % des voix.

Avant comme après les élections, pour les classes laborieuses d'Italie, tous les problèmes restent. Depuis trois mois Renzi a lancé ce qu'il nomme le « jobs act », une remise en cause du code du travail censée déboucher sur la création d'emplois. Elle ouvre surtout la voie à la précarité généralisée : l'embauche en CDI se fera après trois ans de contrats précaires, renouvelables cinq fois. Des réductions d'effectifs dans la fonction publique sont également annoncées, avec la possibilité de licencier les fonctionnaires...

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