Accident à la piscine de Draveil : Logique privée ne rime pas avec sécurité28/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2352.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Accident à la piscine de Draveil : Logique privée ne rime pas avec sécurité

Jeudi dernier, on annonçait la quasi-noyade d'un jeune garçon de 5 ans dans une des piscines du centre Aqua Sénart de Draveil. À l'heure où nous écrivons, l'enfant est toujours hospitalisé dans un état grave. Cet accident s'inscrit dans une longue série de noyades survenues cet été. On se souvient que, si les autorités et les médias ont surtout insisté sur les risques pris par les baigneurs eux-mêmes, les maîtres-nageurs avaient, eux, dénoncé la suppression d'un tiers de leurs postes.

Sur la commune de Draveil, la construction d'un centre aquatique avait été décidée par la communauté d'agglomération, qui regroupe également Vigneux et Montgeron. Cet équipement s'ajoute à trois petites piscines municipales et est très apprécié, sauf pour ses prix ! Après des travaux coûteux (18,5 millions d'euros) et des retards, le centre a ouvert il y a deux ans. La gestion en a été confiée depuis une année au groupe Vert-Marine, responsable de l'entretien courant et qui reçoit... plus de 500 000 euros par an de l'agglomération pour « équilibrer son budget ».

Ce groupe gère 70 sites (piscines, patinoires, bases de loisirs...) sur toute la France, confiés par des communes ou des agglomérations. La réputation de Vert-Marine n'est pas très brillante. En décembre dernier, les trois dirigeants de cette société étaient condamnés à verser des centaines de milliers d'euros de caution dans une affaire de recel de favoritisme (c'est-à-dire d'entente illégale pour tenter de récupérer la gestion d'un site) et, comme le révélait le journal Paris Normandie, les enquêteurs tentaient de « démêler les liens financiers entre les différentes filiales de Vert-Marine ou des sociétés dans lesquelles ces dirigeants mis en examen sont actionnaires »...

Sur de nombreux sites, les employés se plaignent des salaires insuffisants et des conditions de travail. Des grèves, souvent à l'initiative des maîtres-nageurs, ont éclaté pour revendiquer des augmentations et pour dénoncer le mépris de la hiérarchie. En juillet dernier, les salariés en grève à Saint-Brévin en Loire-Atlantique dénonçaient « le manque de cohérence réglementaire vis-à-vis de la sécurité du public et du respect du code du travail (formation des personnels aux procédures de sécurité notamment) » et revendiquaient « le paiement des dimanches et fériés, les primes, les conditions de prises de congé et plus simplement le respect du personnel ».

Il ne faudrait pas que, dans cette affaire, les maîtres-nageurs soient les lampistes, et que les responsables s'en sortent blanchis, que ce soient les dirigeants du groupe Vert-Marine, plus préoccupés par leurs profits que par la sécurité, ou les responsables politiques locaux qui confient des piscines aux intérêts privés.

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