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- Lutte ouvrière n°2352
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Haïti : Les politiciens loin des préoccupations des masses pauvres
Dénonciations, calomnies, mort suspecte, acharnement judiciaire, mensonges, corruptions : la situation politique en Haïti a rarement été aussi pourrie et nauséabonde qu'elle l'est aujourd'hui. En toile de fond, la lutte pour le pouvoir et ses prébendes. Les discours des acteurs politiques opposés sur les élections, la démocratie, les droits de l'homme, l'alternance politique ne sont que de vains mots destinés à cacher ce jeu sordide, cette lutte parfois meurtrière qu'ils se livrent.
Au pouvoir depuis plus de deux ans, Martelly et ses proches n'ont pas montré beaucoup de velléités à organiser des élections qui puissent donner une chance à leurs opposants de marquer des points. (...) Alors que bon nombre de ses proches sont soit déjà en prison pour vols, corruption, soit devant les tribunaux pour les mêmes faits, Martelly craint que de nouvelles élections ne débouchent sur une majorité de l'opposition au Parlement, en clair une mise en accusation à la Chambre des députés, sa destitution du pouvoir et son emprisonnement, et donc la fin des nombreux privilèges que lui a conférés son statut de président de la République. De tergiversations en tergiversations, il veut reculer les échéances électorales le plus possible. (...)
L'opposition de son côté (...) fait feu de tout bois. Sans réel soutien au sein des masses pauvres du pays, ces politiciens prennent d'assaut les médias pour dénoncer, accuser le pouvoir. L'objectif est de discréditer autant que possible ce pouvoir qu'ils qualifient de délinquant (...). Evidemment, ces opposants ont, dans leur grande majorité, déjà exercé le pouvoir durant le quart de siècle qui vient de s'écouler, et leur pratique du pouvoir n'a pas été des plus démocratiques. (...) Parlant de la situation économique des masses pauvres, aucun de ces leaders ne s'est rebellé contre les classes riches qui appauvrissent le pays en s'accaparant les maigres richesses qui s'y produisent.
Alors que les uns et les autres tentent de rallier l'opinion à leur cause, la situation de la classe ouvrière et des masses pauvres est des plus catastrophiques. Dans les usines, la chaleur suffocante de cet été écrase les ouvriers. Sous des toitures faites en tôle, il manque de ventilateurs, d'aération, il manque d'eau potable en quantité. (...)
Dans de nombreux quartiers de la capitale, notamment dans les bidonvilles, la promesse du gouvernement de fournir l'électricité sept jours sur sept et 24 heures sur 24 se transforme en black-out 24 heures sur 24. (...)
Dans les marchés ou aux abords des rues, les petites marchandes ne savent plus où s'installer. Elles sont en permanence violentées, leurs produits sont volés par des agents municipaux sous prétexte d'ordre public. (...)
Ces tracasseries dans la vie quotidienne des masses pauvres, qui témoignent de la dégradation des conditions de vie, intéressent peu ou pas les leaders politiques de tous bords. Si certains en parlent, c'est plus par démagogie et calcul politique que par souci réel d'organiser ces classes pauvres pour qu'elles puissent devenir actrices de leurs luttes.