Biscuits LU – Château-Thierry (Aisne) : Ils jouent des milliards avec notre peau28/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2352.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Biscuits LU – Château-Thierry (Aisne) : Ils jouent des milliards avec notre peau

80 milliards de dollars. C'est la somme proposée par certains actionnaires de PepsiCo pour acheter Mondelez International, le groupe fabricant dont dépendent les biscuits LU. Ce serait un épisode de plus dans l'histoire des rachats et restructurations qui se succèdent dans cette branche.

L'usine LU de Château-Thierry est un bon exemple de ces fusions et restructurations dictées par la recherche du profit maximum pour les grands groupes actionnaires. Elle appartenait à l'origine à Belin, qui a été racheté par LU. Puis LU a été racheté par Danone, qui l'a revendu en 2007 au groupe Kraft Foods pour 5,3 milliards d'euros. Kraft Foods a racheté en 2009 Cadbury pour 14 milliards de dollars. Puis, en 2012, Kraft Foods s'est coupé en deux : une entité restant Kraft Foods, l'autre devenant Mondelez International.

Parmi les actionnaires, il y a un certain Nelson Peltz, qui possède des actions dans différents groupes de l'industrie agroalimentaire. Il a joué un rôle important dans les restructurations chez Cadbury avant son rachat par Kraft Foods. Il a contribué à la séparation de Kraft Foods et de Mondelez, dont il possède pour un milliard de dollars d'actions. Il possède aussi 1,3 milliard de dollars d'actions de PepsiCo, et c'est à ce titre qu'il pousse ce groupe à une nouvelle scission et au rachat de Mondelez.

Pour le groupe Mondelez, les conséquences de ce jeu de Monopoly sont des restructurations, voire des fermetures d'usines, sans oublier la dégradation constante des conditions de travail et les diminutions d'effectifs. Récemment, ce groupe a licencié 40 travailleurs sur les 200 du site de Herentals, en Belgique. En Espagne, il a annoncé la fermeture de deux sites, de 40 et 100 personnes. Si le groupe avait promis de ne fermer aucun site de LU pendant cinq ans en 2007, il souffle aujourd'hui le chaud et le froid sur l'avenir de différents sites, dont celui de Château-Thierry.

Cette usine employait en 1990 un millier de travailleurs. De plans de licenciements en plans sociaux, qui s'ajoutent aux départs en retraite, il en restera moins de cent en 2014. Mais moins de postes ne signifie pas moins de travail pour ceux qui restent. Ils connaissent au contraire l'augmentation des cadences et la disparition des postes aménagés. Les nombreux travailleurs ayant des tendinites et autres troubles musculo-squelettiques (TMS) bénéficiaient auparavant de postes plus tranquilles. Or, à force de réduire les emplois, ces postes ont disparu. C'est ainsi que cette année trois travailleuses ont été licenciées pour inaptitude professionnelle, trop abîmées par le travail.

Pour ceux qui restent, les arrêts maladie augmentent. Plutôt que de ralentir les cadences, la direction a annoncé qu'elle instaurerait un jour de carence maladie non payé si le taux d'absentéisme continue d'augmenter.

Tout cela est d'autant plus insupportable que le groupe a réalisé des ventes se montant à 35 milliards de dollars. Les profits ont été de 3,6 milliards de dollars en 2012. Le groupe a prévu de distribuer entre 300 et 400 millions de dollars aux actionnaires par rachat d'actions. Il y a donc largement de quoi maintenir les emplois et les salaires.

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