Refiscalisation des heures supplémentaires : Tempête dans un verre vide18/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2294.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Refiscalisation des heures supplémentaires : Tempête dans un verre vide

À la demande du gouvernement, les députés vont supprimer, pour les entreprises de plus de vingt salariés, le système mis en place par Sarkozy en 2007 sur les heures supplémentaires. Les entreprises vont donc devoir payer des cotisations sociales sur les heures supplémentaires et les salariés qui en font devront acquitter les impôts correspondants.

Droite et gauche avancent les mêmes arguments que lors de l'instauration de la mesure. Pour la droite, il s'agirait de permettre aux travailleurs d'augmenter leur salaire, à moindre coût pour l'employeur. Pour la gauche, les heures supplémentaires, surtout détaxées, seraient nuisibles à l'emploi. Les deux jouent sur du velours, car il y a à la fois des millions de chômeurs à la recherche d'un emploi et d'un salaire, et des millions de travailleurs qui ne voient d'autre solution pour améliorer les fins de mois que de faire des heures supplémentaires.

Mais il y a aussi, et surtout, un patronat qui licencie pour augmenter ses profits et qui bloque les salaires depuis des années. Il y a une situation générale qui fait que, dans nombre d'entreprises, les travailleurs deviennent de plus en plus corvéables, soumis à la seule volonté patronale quant aux horaires, au nombre d'heures travaillées. Les heures supplémentaires ne sont pas toujours au volontariat. Elles sont souvent imposées aux travailleurs par le bas niveau des salaires d'une part, par la pression du chômage de l'autre. Quel travailleur peut se permettre de refuser de « venir samedi », de « rester une heure ce soir », ou de « s'arranger pour que le chantier soit fini vendredi », surtout s'il est sous contrat précaire ?

La droite prétend donc maintenant que la refiscalisation des heures supplémentaires coûterait 500 euros par an d'impôts supplémentaires à neuf millions de travailleurs. Ces chiffres sont évidemment invérifiables. Mais, pour augmenter vraiment le niveau de vie, et pour tout le monde, il n'est nul besoin de faire des heures supplémentaires : il faut augmenter le salaire de base. Les grandes entreprises font assez de profits, distribuent assez de dividendes à leurs actionnaires pour pouvoir augmenter les payes de leurs salariés et, en cascade, celles de ceux de leurs sous-traitants et finalement de tous les travailleurs.

Le gouvernement affirme quant à lui que la fin de ce dispositif rapportera trois milliards d'euros aux caisses sociales, un milliard et demi d'impôt sur le revenu supplémentaire et serait favorable à l'emploi. Que les patrons payent leurs cotisations sur les heures supplémentaires, c'est bien le moins. Mais rappelons quand même qu'ils en sont exonérés, pas seulement sur les heures supplémentaires, mais sur la totalité des bas salaires ! Quant à contraindre le patronat à embaucher, ce qui est en effet une nécessité, il y faudrait bien d'autres moyens qu'une simple astuce comptable. Les patrons embauchent lorsque cela leur rapporte et, en ce moment, comme toute l'actualité le montre, certains licencient pour gagner plus.

Pour lutter contre le chômage, il faudrait commencer par interdire les licenciements. Cela impliquerait, comme pour l'augmentation des salaires, de prendre sur les profits. Et c'est ce que le gouvernement actuel, quoi qu'il dise, se refuse à imposer aux patrons, sous prétexte de maintenir la compétitivité en réduisant le « coût du travail ».

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