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Dans le monde
Espagne : La population contre les « coups de hache » du gouvernement
En sept mois, le gouvernement de Rajoy et derrière lui les banquiers, le grand patronat, ont porté de redoutables coups à toutes les classes populaires. Mais après les dernières mesures annoncées le mercredi 11 juillet par le gouvernement, on ne parle plus de « coup de ciseaux » dans les budgets des régions, dans les dépenses sociales, la santé ou l'enseignement, mais de « coups de hache ».
Et c'est la vérité. Ce sont tous les moyens de survie des classes populaires qui vont être gravement amputés, d'autant plus que l'augmentation de la TVA va se traduire par une augmentation des prix. Le gouvernement n'ose plus évoquer des sacrifices passagers pour préparer la relance. Il est dit officiellement que cette relance est repoussée à des lendemains indéterminés.
Il y avait déjà 25 % de chômeurs. La récente réforme du droit du travail, dont les modalités s'aggravent au fil des mois, jettera davantage de salariés à la rue. Les grandes entreprises vont licencier. Les moyennes et petites mettront, pour beaucoup, la clef sous la porte. Parallèlement dans les administrations, les services publics, des plans de réductions d'effectifs sont en cours. Cela n'empêche pas le gouvernement de prétendre que les chômeurs coûtent trop cher. Et lorsqu'une députée de droite a osé dire que « les chômeurs pouvaient aller se faire foutre », il y a eu une telle émotion qu'elle a préféré s'excuser.
Mais en réalité son cynisme exprimait le mépris pour les classes populaires qui caractérise ses coéquipiers, Rajoy en tête. Qu'on en juge ! On apprenait, par exemple, que les aides versées aux familles qui prennent en charge la dépendance de leurs proches pourront être remises en cause voire suspendues pendant deux ans, et que la décision concernant de nouveaux cas, quelle qu'en soit la gravité, serait repoussée elle aussi à deux ans. Les infirmes ont deux ans pour mourir dans la misère et les souffrances, mais les cinq milliards d'économies réalisées ainsi serviront aux banquiers.
Dans les régions, qu'on désigne sous le terme d'« autonomies », sont mises en place, sous l'injonction du gouvernement central, des mesures qui réduisent les budgets de la santé, de l'éducation, des services publics, y compris la police municipale et les pompiers. Les jeunes sont condamnés au chômage, à la précarité. Pour ceux qui ont un emploi, les salaires sont en baisse et, pour les plus anciens, il est prévu une mise en oeuvre accélérée du recul de l'âge de la retraite.
Au prix de toute cette misère, le gouvernement prétend récupérer quelque 100 milliards, ces 100 milliards que les banques espagnoles viennent de se voir prêter par les autorités financières européennes.
Pour une riposte des classes populaires
Des centaines de milliers de travailleurs, de jeunes, de petites gens ont la rage au coeur et manifestent de façon répétée leur refus de tant d'injustices. Il y a presque tous les jours, dans de nombreuses villes, des manifestations qui témoignent d'une volonté de ne pas accepter.
Le mouvement des mineurs des Asturies, qui se heurte toujours à un refus obstiné du gouvernement de reconsidérer son plan de fermeture des mines, leur montée à Madrid, leur manifestation de nuit et de jour, avec à la fin les provocations de la police, a ému des centaines de milliers de personnes qui, sans avoir été témoins directs des événements, ont vu les reportages et savent que ce qui arrive aujourd'hui aux mineurs est leur avenir proche.
Il y a dans de nombreux quartiers populaires des réactions collectives face aux expulsions de logement. À chaque annonce de mesures d'austérité dans la santé ou l'éducation, des manifestations, souvent spontanées, populaires, s'organisent. L'angoisse pèse aussi, bien sûr, parce qu'elle engendre la prudence et la démoralisation. Mais parallèlement se développe la conscience collective qu'on ne peut pas laisser faire. La conscience aussi qu'après l'expérience du gouvernement de gauche et celle du gouvernement de droite, il faut se défendre.
C'est sans doute ce à quoi veulent répondre à leur façon les directions des principales centrales syndicales qui, depuis le retour de la droite au pouvoir, se sentent plus libres pour prendre en charge le mécontentement des classes populaires. Quels que soient leurs calculs, leurs initiatives peuvent ouvrir la voie à une contestation sociale plus large que par le passé. Sous le socialiste Zapatero les syndicats majoritaires UGT et CCOO (Commissions ouvrières) avaient appelé à des mouvements de grève générale d'un jour. Ils l'ont fait il y a deux mois, cette fois face à Rajoy. Ils ont appuyé le mouvement des mineurs. Ils sont de toutes les manifestations régionales ou locales. Après avoir annoncé la préparation d'une nouvelle grève générale pour octobre, ils viennent de décider de l'avancer à septembre. Une journée de grève générale ne pèsera dans l'évolution de la situation que si elle ouvre la voie à des mouvements qui convergent et s'élargissent vers une offensive générale du monde du travail qu'il est urgent de préparer.