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- Lutte ouvrière n°2294
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Editorial
En se défendant, les travailleurs de PSA défendent leur emploi et les salaires de tous Ensemble, faisons reculer nos exploiteurs
François Hollande avait déclaré dans son discours du 14 juillet, relayé par son ministre de l'Économie Moscovici, que le plan dit social de la direction de PSA était inacceptable « en l'état » et qu'il faudrait le renégocier.
C'était admettre qu'il est tout à fait acceptable d'entrer dans le jeu de dupes proposé par la direction de PSA, qui peut se résumer en ces termes : dans un premier temps on propose de supprimer 8 000 emplois, sans compter les milliers d'emplois induits, chiffre que l'on réduit, après palabres, de quelques centaines. Ainsi ces messieurs du gouvernement, les économistes et peut-être certains dirigeants syndicalistes pourront crier victoire, se félicitant d'avoir ainsi « évité le pire ». C'est un tour de passe-passe classique.
Mais le pire, il est bien là pour les travailleurs. En premier pour ceux qui, dans ce marchandage, resteront sur le carreau, sans espoir de retrouver un travail et un salaire comparable dans un avenir raisonnable. Il est là pour ceux qui conserveront leur emploi -- pendant combien de temps ? -- car PSA en profitera pour augmenter sa pression, imposer des conditions de travail encore plus dures pour que ses profits ne diminuent pas et même pour les accroître. C'est en fait un chantage bien connu des travailleurs et qui, de plus, bénéficiera de la bénédiction gouvernementale.
C'est l'ensemble du monde du travail qui est directement concerné. Tout d'abord parce que, dans des entreprises comme Air France, le volailler Doux, Sanofi, des milliers de suppressions d'emplois ont déjà été annoncées. Mais aussi parce que des dizaines d'autres entreprises sont toutes prêtes à s'engouffrer dans la brèche ouverte par PSA. Soutenir la lutte des travailleurs du trust Peugeot, c'est assurer la défense de l'emploi de chacun. Défendre leur emploi, c'est aussi défendre le nôtre.
Hollande et ses ministres ont fait semblant de s'indigner de l'attitude de PSA, le traitant même, bien tardivement il est vrai, de menteur. Mais s'ils ont cru aux engagements d'un menteur, c'est donc qu'ils auraient été trop naïfs, ce qui le disqualifierait. Mais ces vieux briscards de la politique du PS ne sont pas de naïfs perdreaux de l'année. Ils essayent de mettre en oeuvre leur expérience et leur habilité politicienne pour faire avaler des couleuvres aux travailleurs et à l'opinion, en théâtralisant au maximum leurs gestes et leurs discours.
Montebourg, dans son rôle de metteur en scène, n'a pas lésiné sur les moyens. Il répète à qui veut l'entendre qu'il a, lui, du haut de sa suffisance, « convoqué » en son ministère le PDG de PSA, Varin, puis, summum de l'audace, la famille Peugeot. C'est essayer d'inverser les rôles et de laisser croire que c'est lui et son gouvernement qui décident et qui tirent les ficelles.
Varin de son côté fait semblant d'accepter le jeu, d'autant qu'il a la garantie du gouvernement d'en sortir gagnant. Mais il a d'emblée tenu à marquer les limites, annonçant qu'il n'était pas possible, donc pas question, de revenir sur la décision de fermer l'usine d'Aulnay. Quant à la famille Peugeot, on ne sait pas qui se déplacera pour la représenter mais -- et c'est bien plus important -- on ignore quelles seront les exigences du gouvernement à son égard. L'occasion aurait été pourtant belle de montrer aux travailleurs et à l'opinion tout entière dans quel camp il se situait...
Les travailleurs, ceux de PSA mais aussi tous les autres, sont avertis. Le message du gouvernement, même dans ce langage codé que pratiquent les socialistes, est suffisamment clair. Il ne faudra pas compter sur lui pour affronter les capitalistes et leurs exigences.
Mais la classe ouvrière dispose d'une arme : la force collective du monde du travail, qui doit s'organiser, se préparer pour imposer à PSA de retirer son plan, tout son plan, et du même coup pour donner un coup d'arrêt à toutes les attaques patronales annoncées.